Myopathie inflammatoire après allogreffe de moelle osseuse : à propos de 12 cas - 06/06/18
Résumé |
Introduction |
La réaction du greffon contre l’hôte (GVH) est une des principales complications de l’allogreffe de moelle osseuse. À la différence des formes cutanées, digestives et pulmonaires qui sont bien décrites, la GVH musculaire chronique est méconnue. L’objectif est de décrire cette entité sur le plan clinique, histologique et thérapeutique à partir des cas recensé dans notre centre.
Patients et méthodes |
Entre 2005 et 2016, tous les patients adressés dans notre centre de référence pour suspicion d’atteinte musculaire faisant suite à une allogreffe hématopoïétique ont été rétrospectivement inclus (n=10). Deux patients pédiatriques supplémentaires provenant du centre de référence des déficits immunitaires ont été ajoutés à ce recueil.
Résultats |
Les patients (5 femmes, 7 hommes, âge médian 39 ans [0,5 ; 58]) avaient bénéficié d’une allogreffe suite à une LAM/LMC (n=3), un lymphome B diffus à grandes cellules (n=5), un lymphome T (n=2) ou pour un déficit immunitaire (n=2, cas pédiatriques). Le traitement spécifique des maladies hématologiques variait d’un patient à l’autre et faisait appel, entre autres, aux alkylants, aux anthracyclines, aux analogues des bases puriques et parfois à l’irradiation corporelle totale (n=3). Le greffon hématopoïétique était d’origine médullaire (n=3), de cellules souches périphériques (n=8) ou du sang de cordon (n=1).
L’atteinte musculaire apparaissait 109 semaines après l’allogreffe (15–261), le plus souvent dans un contexte de GVH chronique : pulmonaire (n=6) et/ou cutanée (n=8). Les premiers symptômes apparaissaient sous traitement immunosuppresseur (n=9) ou corticoïdes (n=6). Les caractéristiques cliniques de la GVH musculaire associaient myalgies (n=9), faiblesse proximale (n=8) et/ou axiale (n=7). Le taux médian de créatinine kinase était de 600UI/L [22–5303]. L’électromyogramme était pathologique dans tous les cas où il était réalisé (n=9) et l’IRM musculaire (n=7) retrouvait une inflammation musculaire (n=4) et un épaississement des fascias (n=3). La recherche d’anticorps spécifiques ou associés aux myosites s’avérait négative.
Sur le plan histologique, la GVH chronique réalisait des lésions peu spécifiques. Toutefois, deux types d’atteinte semblaient se dessiner : la première entité, identifiée chez trois patients, associait des zones éparses d’inflammation musculaire avec anisodiamétrie, nécrose/régénération et infiltration lymphocytaire endomysiale. De plus on notait des dépôts vasculaires de C5b9 et une expression diffuse de l’HLA de classe 1. La seconde (n=9) associait une anisodiamétrie diffuse, sans infiltration leucocytaire, avec de rares éléments de nécrose/régénération. On notait surtout un épaississement des fascias, sans infiltration leucocytaire. La présence faible de dépôts de C5b9 et une forte positivité du HLA de classe 1, avec renforcement périfasciculaire, était également caractérisée.
Du point de vue thérapeutique, les patients bénéficiaient d’une corticothérapie à 1mg/kg/j d’équivalent prednisone dans tous les cas, d’un traitement immunosuppresseur conventionnel dans onze cas, incluant : ciclosporine (n=5), méthotrexate (n=2) et immunoglobulines polyvalentes (n=5). Avec un suivi médian de 62 mois, la rémission était considérée comme complète chez cinq patients et seulement partielle chez trois autres. Parmi les patients ayant initialement répondu à ces traitements, 4 rechutaient. De plus, 4 patients présentaient une atteinte réfractaire au traitement « conventionnel ». Ces patients ont pu bénéficier à titre individuel de biothérapies ciblant la voie des JAK : ruxolitinib ou de l’imatinib. L’évaluation de l’efficacité de ces traitements était rendue très difficile du fait de l’existence de séquelles musculaires au moment de leur initiation.
Conclusion |
L’atteinte musculaire faisant suite à une allogreffe hématopoïétique est une entité polymorphe et peu spécifique, notamment sur le plan histologique. Même si la corticothérapie est efficace en première intention, les formes réfractaires et/ou les rechutes semblent fréquentes. L’utilisation de biothérapies spécifiques à la GVH chronique mériteraient une évaluation rigoureuse et plus systématique. Des collaborations multicentriques, avec réalisation d’un registre spécifique de la GVH musculaire seront nécessaires pour améliorer notre connaissance et le traitement de cette pathologie.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Plan
Vol 39 - N° S1
P. A114-A115 - juin 2018 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
L’accès au texte intégral de cet article nécessite un abonnement.
Déjà abonné à cette revue ?