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Ictère trompeur chez un drépanocytaire : hépatite virale E post-transfusionnelle - 06/06/18

Doi : 10.1016/j.revmed.2018.03.137 
R. Scussel 1, S. Saade 1, L. Ollier 2, J. Merindol 1, G. Ducoux 1, N. Gillet De Thorey 3, I. Burgos 4, J.G. Fuzibet 1, V. Queyrel 1, N. Martis 1,
1 Médecine interne, CHU l’Archet, Nice, France 
2 Virologie, CHU l’Archet, Nice, France 
3 Hémovigilance, CHU de Cimiez, Nice, France 
4 Service d’accueil des urgences, CHU Pasteur II, Nice, France 

Auteur correspondant.

Résumé

Introduction

Le virus de l’hépatite E (VHE), de génotype 3, est décrit de transmission zoonotique dans les pays développés et l’infection se présente majoritairement dans une forme asymptomatique. Nous rapportons le cas d’un patient qui a présenté une hépatite aiguë ictérique secondaire à une infection VHE post-transfusionnelle.

Observation

Un patient de 19 ans, suivi pour une drépanocytose dans une forme majeure avec asplénie, est hospitalisé de manière itérative pour des crises vaso-occlusives. Il présente un ictère évoluant depuis 5jours et attribué à l’hémolyse chronique pour lequel il est de nouveau hospitalisé. On identifie un syndrome pseudo-grippal avec des douleurs diffuses répondant aux morphiniques. L’examen clinique est non remarquable en dehors de l’ictère franc et il n’est pas noté de signe de gravité. Le bilan biologique initial montre une cytolyse hépatique (transaminases à 30 fois la norme) et une cholestase ictérique avec bilirubine totale à 407μmol/L et une fraction conjuguée à 288μmol/L. L’échographie abdominale est normale chez un patient cholécystectomisé. On ne retient pas d’argument pour une maladie lithiasique biliaire. La recherche des virus à tropisme hépatique est réalisée.

L’anamnèse ne trouve pas de contage ni de modification du traitement médicamenteux ni de prise de toxique au cours des trois précédents mois. L’enquête étiologique élimine toute notion de consommation d’aliment à risque, consciente ou accidentelle. Du fait de la situation géographique, la sérologie pour le VHE est réalisée et donne un profil compatible avec une infection récente. La charge virale VHE est significativement élevée.

La reprise de l’histoire du patient identifie la réalisation d’une transfusion de culots de globules rouges 8 semaines auparavant. L’enquête d’hémovigilance permettra de confirmer l’hypothèse d’infection VHE post-transfusionnelle.

L’évolution clinique est favorable avec la régression des anomalies biologiques hépatiques sous un traitement purement symptomatique.

Discussion

De nombreux cas post-transfusionnels d’hépatite à VHE ont été décrits en Europe [1]. En effet, le taux de séroprévalence des IgG anti-VHE chez les donneurs de sang en France est de 22,4 % alors que les IgM anti-VHE sont plus prévalentes dans les populations du Sud de la France [3, 2]. On décrit plus de 20 cas de transmission VHE par don de produit sanguin labile (PSL) depuis 2016. Cela reflète la prévalence de taux élevés d’ARN VHE chez les donneurs de sang sur le plan national (1 p. 2218 dons) avec un génotype 3 [2].

Les hépatites aiguës à VHE sont surtout associées à des comorbidités ou toxicités hépatiques et peuvent se révéler par des formes fulminantes mais elles sont le plus souvent pauci voire asymptomatiques [3, 1]. Des données suggèrent que des réactivations virales sont possibles chez les sujets immunodéprimés et/ou sous traitement immunosuppresseurs mais aussi chez des sujets multi-transfusés [3]. Depuis 2014, seuls certains produits à base de plasma et à destiné aux personnes à risque d’infection sévère relève d’un dépistage génomique.

Les causes d’ictère chez le sujet drépanocytaire sont multiples mais sont classiquement des conséquences de l’hémolyse chronique. Notre observation met en lumière une origine moins bien reconnue mais qui mérite d’être mieux identifiée notamment dans les régions endémiques pour le VHE. Cela a notamment une importance chez les sujets immunodéprimés d’autant plus qu’il n’y a pas, actuellement, de dépistage systématique biologique chez les donneurs de PSL en France [3].

Conclusion

L’infection post-transfusionnelle par le VHE est une nouvelle problématique à considérer chez les patients immunodéprimés dans l’attente de l’analyse du risque infectieux et l’optimisation des conduites en matière de sécurité transfusionnelle.

Le texte complet de cet article est disponible en PDF.

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Vol 39 - N° S1

P. A180 - juin 2018 Retour au numéro
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