Facteurs de retard au diagnostic et à la prise en charge des manifestations ophtalmologiques sévères de l’artérite à cellules géantes. Étude rétrospective monocentrique de 23 patients - 06/06/18
Résumé |
Introduction |
L’atteinte ophtalmologique (par neuropathie optique ischémique antérieure [NOIA], occlusion de l’artère centrale de la rétine [OACR] et/ou ischémie choroïdienne) est une complication sévère de l’artérite à cellules géantes (ACG) (ex-maladie de Horton), pouvant être à l’origine d’une cécité bilatérale irréversible et d’une perte d’autonomie majeure. La prévention de cette complication repose sur le diagnostic et la prise en charge précoces de l’ACG. En cas de manifestations ophtalmologiques, le pronostic est conditionné par l’instauration en urgence d’une corticothérapie, idéalement moins de 24h après le début des troubles [1 ].
L’objectif de cette étude est de déterminer en condition de vie réelle les facteurs de retard au diagnostic et à la prise en charge adaptée des complications ophtalmologiques de l’ACG.
Patients et méthodes |
Design : étude rétrospective monocentrique (centre médico-ophtalmologique spécialisé). Critères d’inclusion : patients avec ACG (au moins 3 sur 4 critères ACR ET BAT positive ou inflammation artérielle de gros calibre authentifiée à l’imagerie) ET manifestations ophtalmologiques sévères (NOIA et/ou OACR et/ou ischémie choroïdienne), suivis sur la période janvier 2013–février 2018. Recueil anonymisé des données par analyse des dossiers informatisés des patients.
Résultats |
Vingt-trois patients ont été inclus (8 H, 15 F ; âge moyen au diagnostic d’ACG : 79 ans ; 36/46 yeux atteints au dernier suivi ; NOIA : 27 ; OACR : 7 ; ischémie choroïdienne : 2 ; AV finale moyenne pour les yeux atteints : 1/50).
Le délai médian entre le début des manifestations ophtalmologiques compliquant l’ACG et la prise en charge adaptée par corticothérapie était de 3 jours (extrêmes : 0–28). Deux patients ont été pris en charge à moins de 24h du début des troubles, 11 patients entre 24 et 72h et 10 patients à plus de 72h.
Dix-sept patients ont d’abord consulté un ophtalmologue extra-hospitalier : les 17 patients ont été référés en urgence en milieu hospitalier ; dans 9 cas, le diagnostic d’ACG était évoqué ; dans 2 cas une corticothérapie per os était donnée.
Chez tous les patients, la prise en charge adaptée a été débutée moins de 24 heures après la consultation en milieu hospitalier.
Trois patients étaient suivis antérieurement pour une PPR ; aucun n’avait de diagnostic d’ACG ; aucun n’avait de corticothérapie au début des troubles ophtalmologiques. Six patients ont présenté une amaurose transitoire préalable. Dix-huit patients présentaient des manifestations évocatrices d’ACG (altération de l’état général, céphalées, hyperesthésie du cuir chevelu, claudication et/ou PPR) antérieures à la complication visuelle, évoluant de quelques semaines à plus d’un an. Quatorze patients avaient un syndrome inflammatoire biologique connu avant la consultation hospitalière, avec une CRP médiane à 85mg/L (extrêmes : 19–179).
Discussion |
Cette étude rétrospective illustre l’évitabilité potentielle de cette complication et les multiples facteurs ayant pu favoriser la survenue d’une atteinte ophtalmologique sévère de l’ACG :
– facteurs liés au patient : non prise en compte de la gravité potentielle d’une baisse d’acuité visuelle transitoire ou permanente, méconnaissance de la nécessité de consulter en urgence, difficulté d’accès aux soins… ;
– facteurs organisationnels : délai d’obtention d’un rendez-vous avec un médecin interniste et avec un ophtalmologue extra-hospitalier, possibilité ou non de consulter aux urgences ophtalmologiques, difficulté d’accès aux examens permettant le diagnostic formel d’ACG… ;
– facteurs liés aux médecins : éventuelles difficultés diagnostiques, méconnaissance de la pathologie, des complications potentielles, crainte de l’utilisation des corticoïdes…
Conclusion |
De nombreuses actions sont donc à mener pour réduire le délai de prise en charge des complications ophtalmologiques de l’ACG : sensibilisation du grand public et des médecins, optimisation du circuit de prise en charge, optimisation de la collaboration médico-ophtalmologique…
Le raccourcissement de ce délai de prise en charge est fondamental, car son impact pronostique est probablement plus important que le type de schéma thérapeutique proposé [1 ].
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Plan
Vol 39 - N° S1
P. A99-A100 - juin 2018 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
L’accès au texte intégral de cet article nécessite un abonnement.
Déjà abonné à cette revue ?