Sédation d’acouphènes après injection de toxine botulique dans les muscles manducateurs - 19/07/18
Résumé |
Introduction |
Le traitement du bruxisme par injection des muscles manducateurs vise à réduire le tonus des temporaux et masséters, nécessitant des quantités non négligeables de toxine botulique, s’accompagnant d’une diffusion inévitable du produit. À l’occasion d’une étude rétrospective menée sur une cohorte de patients traités pour bruxisme, nous avons pu constater une efficacité remarquable de la toxine botulique chez certains d’entre eux présentant des acouphènes, quelle qu’en soit l’origine.
Matériel et méthodes |
Il s’agit d’une étude rétrospective portant sur 288 patients traités pour bruxisme dans une même institution. Tous les patients ont étés injectés au niveau des muscles masseter et temporal muscles avec de la toxine botulique (Botox* : Allergan Pharmaceuticals, Westport, Ireland), les doses injectées variant selon l’intensité des contractions constatées entre 30 et 100U au niveau du masseter et entre 10 et 50U au niveau du muscle temporal. Les dossiers ont été revus sur une période de 2 ans, entre 2015 et 2016.
Résultats |
Sur 288 dossiers revus, 17 patients souffraient d’acouphènes invalidants, rebelles à toute forme de thérapeutique médicamenteuse. Quatorze ont vu diminuer (dans 3 cas) ou disparaître complètement (11 cas) leur symptomatologie, avec une efficacité persistant au moins jusqu’à la séance suivante (3 mois).
Discussion |
Par leur innervation commune par le nerf trijumeau, le dysfonctionnement neuromusculaire des muscles masticateurs pourrait induire une hypertonie réflexe des muscles de l’oreille moyenne, ainsi qu’une myoclonie du palais entraînant des acouphènes. Certains d’entre eux pourraient avoir une origine toxique, par libération excessive de glutamate au niveau de l’oreille. Des récepteurs au N-methyl-D-aspartate (NMDA-Rs) sont localisées au niveau de chaque synapse des voies auditives, et sont caractérisés par une réponse lente, à longue période réfractaire, après excitation par le glutamate, permettant la protection du système en cas d’agression sonore. Une sur-excitation dépassant les possibilités de réparation serait impliquée dans la survenue de pertes auditives liée au bruit, la presbyacousie et la survenue d’acouphènes. L’effet de la toxine botulique sur les acouphènes est connu depuis le milieu des années 2000, mais toutes les séries publiées ont concerné des injections réalisées uniquement au niveau du voile du palais ou, exceptionnellement, de l’oreille moyenne.
Conclusion |
Notre série est la première à démontrer un effet possible, probablement par effet inhibiteur de la libération de glutamate, au niveau des récepteurs de l’oreille interne. Une étude ouverte et prospective, idéalement multicentrique, sera nécessaire pour confirmer la validité et le caractère reproductif de nos résultats.
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Vol 64 - N° 3
P. 222 - juin 2018 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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