La procalcitonine est prédictive de l’hépatite aiguë dans l’intoxication au paracétamol traitée par N-acétylcystéine - 21/08/18
Résumé |
Objectif |
La prescription préventive de N-acétylcystéine (NAC) chez les patients à risque d’hépatite toxique au paracétamol repose sur un nomogramme [1 ]. Néanmoins, certains patients développent une hépatite aiguë malgré le traitement. De plus, le nomogramme n’est pas utilisable pour des prises répétées, pour les formulations à libération prolongée, lorsque l’heure d’ingestion est inconnue, ou en présence d’une vulnérabilité hépatique. La procalcitonine (PCT) est une prohormone d’origine thyroïdienne utilisée en routine pour le diagnostic/suivi des infections bactériennes. Sa synthèse hépatique en conditions pathologiques a été suggérée. L’objectif de ce travail était d’étudier la distribution des concentrations plasmatiques de PCT chez des patients admis pour surdosage au paracétamol et de déterminer son utilité dans la prédiction d’une hépato-toxicité.
Méthode |
Il s’agissait d’une étude observationnelle rétrospective monocentrique incluant tous les patients admis en réanimation (2013–2016) pour surdosage au paracétamol (accidentel ou volontaire). Tous les patients étaient traités par NAC en accord avec les recommandations internationales (paracétamolémie interprétée autant que possible sur le nomogramme de Rumack & Matthew). La PCT plasmatique était mesurée par méthode automatisée (Elecsys® & Cobase® analyzer ; validité : 0,02–100ng/mL) et la paracétamolémie par spectrophotométrie. L’apparition d’une cytolyse hépatique était définie par un pic de transaminases (ALAT)>100 UI/L. Les analyses statistiques ont utilisé les tests du Chi2 et Mann–Whitney. Les variables quantitatives sont rapportées en médiane (interquartile range) et les valeurs prédictives et la courbe ROC avec leurs intervalles de confiance à 95 %.
Résultats |
Nous avons inclus 70 patients (50 femmes ; âge 34 ans (21–53) ; poly-intoxication 83 %). La dose supposée ingérée de paracétamol était de 15,5 g (8,0–29,0). Le délai entre intoxication et administration de NAC était de 4,5heures (2,9–9,0). La PCT à l’admission était significativement élevée au-delà de 1 μg/mL chez les patients qui présentaient ou allaient développer une cytolyse hépatique (ALAT>100 UI/L) malgré le traitement par NAC, et ce indépendamment de la présence d’une infection bactérienne, avec une spécificité de 97,9 % (88,9–89,6), une sensibilité de 69,6 % (49,1–84,4), une valeur prédictive positive de 94,1 % (88,6–99,6) et une valeur prédictive négative de 86,8 % (78,9–94,7).
Conclusion |
Cette étude est la première à étudier l’intérêt de la PCT pour prédire l’hépatite aiguë toxique au paracétamol. Une identification plus précoce des patients à haut risque d’hépatotoxicité sous traitement par N-acétylcystéine permettrait d’optimiser la prise en charge des malades intoxiqués en proposant une surveillance et un traitement adaptés au risque (orientation rapide en soins intensifs et traitement plus prolongé voire à plus forte dose par N-acétylcystéine, traitement antidotique raccourci pour les patients à moindre risque).
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Plan
Vol 30 - N° 3
P. 170 - septembre 2018 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
L’accès au texte intégral de cet article nécessite un abonnement.
Déjà abonné à cette revue ?