Comment un selfie peut s’avérer dangereux ! À propos d’une morsure de vipère au visage - 21/08/18
Résumé |
Objectif |
Les envenimations vipérines sont relativement rares dans les Hauts de France. Leur traitement repose sur une hospitalisation en milieu de réanimation et selon la gravité, l’administration d’une immunothérapie antivenimeuse efficace. Cette dernière pose un problème de disponibilité. Nous rapportons un cas d’envenimation vipérine grave traitée par immunothérapie Viperfav® et d’évolution favorable.
Description du cas |
Un homme de 52 ans, en visite dans un zoo du Loir et Cher, ramasse au sol, ce qu’il pense être un jeune orvet. Il le rapproche de son visage pour faire un « selfie » et se fait mordre à la lèvre supérieure. Il va consulter rapidement aux urgences de l’hôpital de proximité d’où il ressort « contre avis médical ». Il reprend la route et va consulter aux urgences de l’hôpital proche de son domicile dans l’Oise. Il présente un œdème important de la face et des lèvres, une effraction cutanée et un hématome au niveau de la lèvre supérieure et sous orbitaire gauche. Le patient est eupnéique, l’hémodynamique est normale et ne présente aucun trouble digestif. En dehors d’une hyperleucocytose à 12 290/mm3, la biologie reste normale. Le diagnostic d’une envenimation de grade IIA est posé. Grâce à la photo du serpent, l’espèce Vipera aspis est confirmée. Dans l’attente de recevoir une dose de Viperfav® qui n’est plus disponible dans cet hôpital depuis le redéploiement des doses sur le territoire français, le patient va bénéficier d’une dose de corticoïdes et d’un aérosol d’adrénaline. La dose de Viperfav® est administrée 12heures après la morsure. Après 48heures de surveillance et la régression des signes cliniques, le patient est transféré dans un service de médecine interne avant qu’il puisse regagner son domicile 2jours plus tard.
Résultats |
Du fait de la redistribution des stocks de Viperfav® (instruction du 09 mai 2017) vers les hôpitaux de la moitié sud du territoire français en se basant sur la répartition géographique des différentes espèces de vipères en France (et de la fréquence des envenimations), la non disponibilité d’une immunothérapie spécifique et efficace pour les envenimations par Vipera aspis pose un problème pour la prise en charge de ces patients et pourrait contribuer à une augmentation de la morbimortalité due aux morsures de serpents dans le nord de l’hexagone. Il semble nécessaire de compléter ou de réactualiser les connaissances des professionnels de santé sur les risques potentiels de ces envenimations afin d’optimiser leur prise en charge, même si ces dernières restent peu fréquentes dans nos régions.
Conclusion |
Ce cas clinique montre bien la mobilité des patients avant leur prise en charge médicale mais aussi la méconnaissance de la gravité potentielle de ce type d’envenimation par certains professionnels de santé et par voie de conséquence de la nécessité de disposer d’une immunothérapie efficace sur les variétés de vipères « françaises » (Vipera berus, V. aspis et Vipera ammodytes) sur la totalité du territoire sans distinction de zone géographique.
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Vol 30 - N° 3
P. 178 - septembre 2018 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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