Des noyaux et des graines ! Intoxication par noyaux d’abricots et graines de ricin - 21/08/18
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Résumé |
Objectif |
Les intoxications volontaires par ingestion de plantes toxiques sont rares. Le choix des plantes ingérées est de plus en plus souvent guidé par la consultation de sites internet. Nous rapportons un cas d’intoxication mixte par amandes d’abricot et graines de ricin.
Description du cas |
Une femme de 21 ans est hospitalisée suite à la prise volontaire de 20 amandes d’abricot et de 20 graines de ricin achetées sur internet. À l’admission deux heures après, elle présente des vomissements et des douleurs abdominales. Le bilan biologique met en évidence une acidose métabolique compensée (pH 7,45, PaCO2 3,22kPa, Pa02 PaO2 13,6 kPa, bicarbonates 16mmol/L, lactates 3,70mmol/L), une insuffisance rénale aiguë modérée. La recherche de toxiques est négative en dehors d’une alcoolémie à 0,72g/L. La patiente présente dans les 48heures des douleurs abdominales, des diarrhées profuses non sanglantes, avec persistance d’une acidose, ainsi que des paresthésies des extrémités. Le traitement consiste en l’administration de charbon activé, le respect des diarrhées, une réhydratation, une alcalinisation pour compenser les pertes digestives. L’évolution est favorable. Les analyses toxicologiques (HPLC-MS/MS) réalisées à H26, mettent en évidence une concentration de ricinine de 102ng/mL dans le sang, 414ng/mL dans les urines.
Résultats |
Des hétérosides cyanogènes sont présents dans de nombreux aliments dont les noyaux d’abricot (4000 mg/kg) [1 ]. Le principe actif essentiel est l’amygdaline, hydrolysée au niveau intestinal pour former du cyanure d’hydrogène. L’ingestion de plus de 20 amandes d’abricot chez l’adulte peut entraîner une intoxication cyanhydrique avec survenue rapide de céphalées, nausées, malaise, dyspnée, hypotension, acidose métabolique. Le traitement est symptomatique etantidotique ; l’hydroxocobalamine est l’antidote de choix. La dose létale du cyanure est de 0,5 à 3,5mg/kg poids corporel. Les graines de Ricinus communis contiennent une glycoprotéine, la ricine (1 à 10 %) et un alcaloïde la ricinine. L’ingestion de 8 à 10 graines peut-être létale surtout si elles sont mâchées (ce qui augmente la biodisponibilité de la ricine). Une dose de 5 à 10μg/kg peut-être létale. La ricine agit sur les ribosomes induisant un arrêt de la synthèse protéique au niveau cellulaire [3 , 2 ]. Cliniquement, aux troubles digestifs souvent marqués (vomissements, diarrhées profuses), peut s’associer une fièvre, une hypotension puis une défaillance multiviscérale. Dans notre cas, le tableau clinique était typique d’une intoxication à la ricine de faible gravité. La ricine étant difficile à doser dans les matrices biologiques, c’est la ricinine qui est utilisée comme marqueur d’exposition, bien que les concentrations soient mal corrélées à la gravité de l’intoxication.
Conclusion |
Internet permet l’accès à un grand nombre d’informations sur les substances ou les plantes toxiques, et permet également l’achat de graines, commercialisées pour l’horticulture, mais pouvant être ingérées volontairement dans un contexte suicidaire.
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Vol 30 - N° 3
P. 182-183 - septembre 2018 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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