Effets de Momordica charantia sur la grossesse : à propos d’un cas - 21/08/18
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Résumé |
Objectif |
Couramment consommé en salade à la Réunion, le concombre à verrues Gôya encore appelé concombre amer, margose ou Momordica charantia est une cucurbitacée dotée de propriétés médicinales voire toxiques. Ces propriétés sont évoquées à la lumière d’un cas avec effet ocytocique.
Description du cas |
Une femme enceinte de 6 mois consomme environ 50 grammes de « margose », un légume ancien issu de la culture familiale sur l’île de la Réunion. Suite au repas, la patiente ressent une recrudescence des contractions utérines. Un monitorage des contractions et du rythme cardiaque fœtal est mis en place et poursuivi pendant 48heures. Le rythme cardiaque restera normal et les effets ocytociques ne seront plus observés à partir de la 5e heure après consommation.
Résultats |
Le concombre amer est utilisé en pharmacopée traditionnelle et ayurveda. De multiples propriétés médicinales sont attribuées à M. charantia : effet hypoglycémiant, antidiabétique, antihelminthique, antipaludéen, anti-VIH, anticancéreux (p. ex. colon, prostate). La plante est également utilisée en médecine traditionnelle pour ses propriétés abortives. Cette cucurbitacée est très répandue et connaît une grande biodiversité. Parmi les composants retrouvés dans le fruit, on trouve notamment les protéines suivantes : α-momorcharine, β-momorcharine, MCP30 ayant une activité antitumorale [1 ]. L’α-momorcharine interfère sur l’implantation de l’œuf et le développement de la morula : chez la souris, 2 mg/25 g de poids du corps : avortement par formation de blastocystes anormaux diminuant les chances de viabilité de l’embryon. Son effet est similaire à l’α-trichosantine pendant la période d’implantation et la moitié de la gestation chez la souris [2 ]. La β-momorcharine entraîne une diminution de la croissance de l’embryon, une inhibition de l’activité de biosynthèse des cellules endométriales en culture, l’éjection de l’embryon de la zone pellucide, une diminution de l’attachement des blastocystes, une diminution de la croissance du trophoblaste et une perturbation du développement de la masse intracellulaire. Ses propriétés abortives sont imputables à l’inhibition de la différenciation de l’endomètre. Ces études expérimentales montrent une action à un stade précoce du développement embryonnaire. Utilisée en médecine traditionnelle comme abortif, il est classiquement déconseillé de l’utiliser chez la femme enceinte. Dans l’observation rapportée, les effets ocytociques ont été précoces et de durée brève, sans conséquence fœtale.
Conclusion |
Le cas observé, d’évolution rapidement favorable a guéri sans traitement particulier et sans séquelle. Bien que les recherches sur M. charantia soient nombreuses [3 ], il n’y a pas de données humaines durant la grossesse. Les types d’effets expérimentaux observés plaident pour une vigilance particulière chez les femmes enceintes notamment en ce qui concerne d’éventuelles interférences médicamenteuses.
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Vol 30 - N° 3
P. 183-184 - septembre 2018 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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