Implication des proches dans la démarche de prélèvement d’organes après mort encéphalique : enquête nationale auprès des coordinateurs hospitaliers - 17/09/18
Résumé |
Introduction |
La pénurie d’organes participe aux décès de patients en attente de greffe, et incite à faire diminuer le taux de refus au prélèvement, stable à 33 % depuis une décennie d’après les données de l’ABM [1 ]. Bien que le modèle adopté en France depuis 40 ans repose sur le principe de non-opposition, garantissant à chacun le droit de refuser de son vivant un prélèvement post-mortem, 2/3 de ces refus émanent des proches du défunt. L’objectif de cette étude est d’identifier, chez les coordinateurs de prélèvement, les représentations expliquant cette dérogation à la loi et les facteurs associés à la négociation entre familles et professionnels durant l’entretien d’abord du don.
Patients/Matériels et méthodes |
Enquête par questionnaire diffusé à l’ensemble des coordinateurs français entre septembre et décembre 2016. Les résultats sont exprimés en pourcentage. Une analyse statistique multivariée par régression logistique a permis de révéler des facteurs associés à la négociation avec les proches. Les résultats sont exprimés en odds ratio.
Observation/Résultats |
Quatre-cent soixante-seize coordinateurs ont répondu au questionnaire (54 % de taux de réponse). Soixante-quinze pour cent d’infirmiers et 70 % de femmes ont été inclus en cohérence avec la répartition nationale, et de façon homogène sur le territoire. Les pratiques étaient similaires et les recommandations bien suivies, hormis la chronologie de la consultation du RNR et les horaires d’entretien (garde). Soixante-dix pour cent des coordinateurs étaient en accord avec la loi. L’accompagnement et la responsabilité étaient des notions majeures et 79 % des coordinateurs estimaient que la création d’un espace de discussion était un enjeu important de l’entretien. Seuls 35 % déclaraient négocier avec les proches. Les facteurs associés à cette négociation étaient : âge>50 ans (2,51 [1 ;3,8][1,66 ;3,8]), profession médicale (1,63 [1,06 ;2,5]), importance du prélèvement (2,73 [1 ;9,76]), recherche des motifs de refus des proches (2,02 [1,2][1,3 ;3,2]), sensibilisation des proches au don (2,09 [1 ;3,09][1,43 ;3,09]) et vocabulaire de la solidarité réciprocité (1,72 [1 ;2,6][1,13 ;2,6]), altruisme (1,91 [1 ;2,83][1,3 ;2,83]), générosité (1,6 [1,05 ;2,45]).
Discussion/Conclusion |
Ces résultats révèlent que les coordinateurs, malgré une adhésion globale à la loi et le respect des recommandations de bonnes pratiques, participent à construire un espace de délibération avec les familles, selon des principes d’accompagnement et de responsabilité, qui aboutit à une décision partagée, légitimant la volonté des proches. Les facteurs associés à la négociation suggèrent que cette attitude vise à limiter l’influence des tiers pour tenter de se rapprocher de l’esprit de la loi.
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Vol 14 - N° 5
P. 276 - septembre 2018 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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