L’hypotension artérielle intradialytique (HID) est une complication fréquente des séances d’hémodialyse. Sa répétition est corrélée à des évènements cardiovasculaires, neurologiques et à une surmortalité. Plusieurs facteurs cliniques ont été proposés pour prédire le risque d’HID mais aucun marqueur biologique. Nous avons analysé le rôle potentiel du BNP et de l’hémoconcentration biologique comme facteurs prédictifs d’HID.

Il s’agit d’une étude de cohorte rétrospective monocentrique, portant sur 170 patients adultes hémodialysés chroniques. Leurs données cliniques (poids, Ultrafiltration (UF), et biologiques mensuelles (dont le BNP et l’hémoconcentration définie par la différence de protidémie avant/après dialyse=ΔP) ont été recueillies sur 6 mois.

L’analyse par cluster a défini 3 phénotypes spécifiques G1 (n=60), G2 (n=53), G3 (n=57). Les facteurs statistiquement significatifs entre les groupes G1, G2 et G3 sont : l’âge moyen (71±13,0 vs 66,4±14,4 vs 63,9±17,9, p<0,005), la présence d’une cardiopathie rythmique (28±46 % vs 6±34 % vs 18±38 % p<0,01), la pression artérielle post-dialyse (moyenne 145/67mmHg vs 149/73mmHg vs 128/65mmHg p<0,0001), le BNP moyen (1005±723ng/mL vs 300±234ng/mL, 235±189ng/mL, p<0,0001), et le ΔP moyen (3,6±4,2g/L vs 7,6±3,2g/L vs 10,2±5,1g/L, p<0,0001). Aucune différence concernant le sexe, la néphropathie, la présence d’un diabète ou d’une coronaropathie, la technique de dialyse, le volume d’UF, l’albumine, l’hémoglobine, n’a été observée entre les 3 groupes. L’incidence cumulée d’HID à 90jours du début d’étude est de 31/57 (54 %) vs 8/60 (13 %) pour les groupe G1 et G3 respectivement (p<0,001).

Malgré l’absence de cardiopathie, un âge relativement plus jeune et un taux d’UF comparable, le risque d’HID est majoré dans le groupe G3, où le BNP est<200ng/mL et le ΔP>10g/L.

Nous avons mis en évidence un phénotype clinicobiologique de patients à haut risque d’HID. La combinaison du BNP et de l’hémoconcentration semble prédictive d’HID.