Un rare cas d’insuffisance rénale aiguë par anémie hémolytique compliquant un traitement par oxaliplatine - 17/09/18
Résumé |
Introduction |
L’oxaliplatine est un sel de platine dont les effets indésirables les plus fréquents sont gastro-intestinaux, neurologiques et hématologiques. L’insuffisance rénale aiguë (IRA) est une complication rare. Elle peut être due à une toxicité tubulaire, à une néphrite interstitielle aiguë ou à une microangiopathie thrombotique (MAT). Nous rapportons un cas d’IRA sur une anémie hémolytique auto-immune (AHAI) secondaire à l’oxaliplatine.
Observation |
Un patient de 39 ans présente une hématurie macroscopique au décours immédiat de sa 7ème cure de chimiothérapie associant de l’oxaliplatine pour une récidive hépatique d’un cancer colorectal. Le bilan objective une anémie (Hb 3,1g/dL) hémolytique (LDH 3000 UI/L ; bilirubine 97mmol/L ; haptoglobine effondrée) associée à une thrombopénie (nadir 25 G/L) et une IRA rapidement anurique (urée urinaire<40mmol/L, protéinurie tubulaire à 2,1g/L). Le diagnostic de MAT est évoqué. L’absence de schizocytes oriente vers une AHAI à l’oxaliplatine. La nature auto-immune est confirmée par un test de Coombs direct avec détection d’anticorps anti-oxaliplatine. Le traitement consiste en une corticothérapie à forte dose (2mg/kg). Devant l’anurie, une hémodialyse est associée. Il bénéficie de 2 séances de plasmaphérèse afin d’augmenter l’élimination de l’oxaliplatine et des anticorps. L’évolution est favorable permettant le sevrage de l’hémodialyse et la récupération ad integrum rénale en 2 mois.
Discussion |
De rares cas d’atteintes immunologiques secondaires à la prise d’oxaliplatine sont décrits, regroupées sous le terme « Oxaliplatin Immune-Induced Syndrom » (OIIS). Ce syndrome se caractérise par une thrombopénie et/ou une AHAI voire un tableau de MAT. Il est dose-dépendant avec apparition fréquente à la réintroduction. L’atteinte rénale peut faussement orienter vers une MAT. L’absence de schizocyte et l’importance de l’hémolyse ont été essentiels pour nous orienter. Le mécanisme serait immuno-allergique de type complexes-immuns avec présence d’anticorps « médicament dépendants ». Il existe peu de données quant à la prévalence de l’atteinte rénale. La mortalité est estimée à 5 %. Le traitement empirique consiste en l’arrêt du traitement et une corticothérapie forte dose. Il est parfois proposé l’adjonction d’immunoglobulines IV. En plus de l’épuration des anticorps, la plasmaphérèse permettrait une meilleure élimination de l’oxaliplatine, notamment en cas d’insuffisance rénale, et donc un contrôle plus rapide de la lyse globulaire.
Conclusion |
L’OIIS est un effet indésirable rare et potentiellement fatal. L’atteinte rénale est inconstante mais aggrave le tableau en limitant la clairance du médicament. La prise en charge n’est pas codifiée. La plasmaphérèse se discute en cas d’atteinte rénale sévère ou en cas de non-contrôle de l’anémie/thrombopénie.
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Vol 14 - N° 5
P. 374-375 - septembre 2018 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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