La plaque de Randall est un dépôt interstitiel de phosphate de calcium (apatite) situé à la pointe de la papille rénale, qui peut être le point de nucléation des calculs oxalocalciques. Nous avons observé une augmentation nette de la proportion de calculs oxalocalciques générés sur plaque de Randall chez les sujets jeunes, ce qui suggère que des facteurs environnementaux sont impliqués dans sa genèse. Des souris ayant un taux sanguin et urinaire bas de pyrophosphate (souris Abcc6 −/), un inhibiteur de la minéralisation, développent spontanément des plaques de Randall en vieillissant. L’objet de cette étude était d’observer l’impact de facteurs environnementaux notamment calcium et vitamine D sur le développement de ces calcifications.

Quatre groupes de 6 souris femelles Abcc6 −/− et autant de souris contrôles Abcc6 +/+ « littermate » ont été exposées entre l’âge de 6 et 30 semaines (1) à une diète standard, (2) enrichie en calcium (2g/L dans l’eau de boisson), (3) enrichie en cholécalciférol (2500UI/15j en SC) ou (4) enrichie en calcium et en cholécalciférol. L’urine a été collectée grâce à des cages métaboliques (calcium, phosphates, pyrophosphates, oxalates) et un prélèvement sanguin a été réalisé lors du sacrifice. Les calcifications papillaires ont été analysées par micro-scanner, histologie conventionnelle, coloration de Yasue et morphométrie, microscopie électronique à balayage et spectro-microscopie infrarouge à transformée de Fourier (FTIR).

Comme attendu, les souris Abcc6 −/− ont développé des calcifications papillaires composées de bouchons tubulaires et de dépôts interstitiels d’apatite, à la pointe des papilles rénales. Les souris contrôles n’ont pas développé de calcifications papillaires significatives, y compris sous traitement. Le traitement par vitamine D a considérablement aggravé les calcifications des souris Abcc6 −/−, et ce de façon synergique avec la prise de calcium.

Le traitement par vitamine D accélère le développement des plaques de Randall dans ce modèle murin. Ces données suggèrent que l’administration de vitamine D peut accélérer le développement des plaques chez les enfants et jeunes adultes, prédisposant à la lithiase oxalocalcique quelques années plus tard.