Le rôle des récepteurs cannabinoïdes dans la dysfonction chronique de l’allogreffe - 17/09/18
Résumé |
Introduction |
La dysfonction chronique de l’allogreffe (DCA), qui correspond au remplacement inéluctable du tissu fonctionnel rénal par des protéines de la matrice extracellulaire, constitue actuellement la première cause de perte du greffon, rendant indispensable une meilleure compréhension des processus de fibrogenèse. Le rôle pro-fibrosant de CB1 dans un modèle murin de fibrose rénale et l’effet anti-fibrosant du blocage de CB1 par action directe sur les myofibroblastes rénaux, acteurs majeurs de la fibrogenèse au cours de la DCA, ont récemment été démontré. Notre objectif est d’évaluer le rôle du système cannabinoïde dans la DCA.
Patients/matériels et méthodes |
Dans un premier temps, nous avons quantifié rétrospectivement, par immunohistochimie et analyse morphométrique, l’expression de CB1 sur les biopsies systématiques du greffon rénal de 26 patients, réalisées à j0, M3 et M12. Nous avons corrélé l’expression de CB1 avec la fibrose rénale (évaluation morphométrique après coloration par le rouge Sirius), le score de Banff et les données cliniques. Dans un second temps, nous avons étudié in vitro le rôle du tacrolimus sur l’expression de CB1.
Résultats |
Les greffons normaux exprimaient faiblement CB1. En revanche, au cours de la DCA, l’ensemble des structures rénales (cellules épithéliales tubulaires, cellules endothéliales, infiltrat inflammatoire interstitiel, podocytes) exprimaient CB1. Cette expression augmentait précocement après la greffe, de j0 à M3 (22,5±15,4 % versus 33,4±13,8 %, p=0,01), puis restait stable (33,3±19 % à M12, p=0,7 versus M3). À M3, la fibrose interstitielle corticale était corrélée avec l’expression de CB1 (p=0,035). In vitro, le tacrolimus (10ng/mL/jour pendant 48h) augmentait l’expression de CB1 par des cellules tubulaires rénales humaines issues d’une lignée immortalisée (HK2, Western blot, n=4, p=0,03). Dans un modèle de fibrogenèse médiée par le tacrolimus sur des cellules épithéliales tubulaires proximales primaires murines (mPETC), l’expression de cnr1 (codant pour CB1), col1, col3 et col4 augmentait après administration de tacrolimus (RT-qPCR, n=4, p<0,05). Cette augmentation était significativement réduite par l’administration de rimonabant, un antagoniste de CB1 (n=4, p<0,05).
Conclusion |
CB1 augmente précocement après la greffe, principalement au sein des cellules tubulaires, et est corrélé avec la fibrose rénale à M3. Le tacrolimus participe à l’expression de CB1 et à la fibrogenèse durant la DCA. Nos travaux suggèrent un possible rôle du système cannabinoïde, plus particulièrement de CB1, au cours de la DCA. Le blocage de CB1 apparaît ainsi comme une voie thérapeutique prometteuse dans la prévention de la dysfonction chronique de l’allogreffe.
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Vol 14 - N° 5
P. 408 - septembre 2018 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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