S'abonner

« J’ai pensé qu’il fallait étudier les aliénés » : l’œuvre de Charles Darwin et la médecine mentale - 16/10/18

It occurred to me that the insane ought to be studied’: Charles Darwin's work and mental medicine

Doi : 10.1016/j.evopsy.2018.02.005 
Geoffrey Marcaggi a : Praticien hospitalier, Fabian Guénolé b, , c, d, e  : Maître de conférences des universités-praticien hospitalier
a Clinique du bocage, 2, route d’Avesnes, 59720 Louvroil, France 
b Service de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent, CHU de Caen, 14, avenue Clemenceau, 14033 Caen cedex 9, France 
c Unité de formation et de recherche en santé, faculté de médecine, université Caen-Normandie, 2, rue des Rochambelles, 14032 Caen cedex, France 
d Inserm U1077 « Neuropsychologie et imagerie de la mémoire humaine », Caen, 2, rue des Rochambelles, 14032 Caen cedex, France 
e École pratique des hautes études, 4–14, rue Ferrus, 75014 Paris, France 

Auteur correspondant.

Bienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
L’accès au texte intégral de cet article nécessite un abonnement.

pages 20
Iconographies 1
Vidéos 0
Autres 0

Résumé

Objectifs

Contribuer à situer le « point de vue évolutionniste » en psychopathologie et en psychiatrie, l’histoire de l’influence de la théorie l’évolution de Charles Darwin (1809–1882) dans ces domaines étant trouble et source de malentendus.

Méthode

Nous proposons un essai historique sur les rapports entre Charles Darwin, son oeuvre et la psychiatrie et la psychopathologie, en nous inspirant sur le plan méthodologique des règles historiographiques de vérification et de contextualisation préconisées par Henri Ellenberger et du « cubisme historique » de Sonu Shamdasani.

Résultats

Darwin fut lui-même très inspiré par les écrits des psychiatres britanniques de son temps et en contact direct avec certains d’entre eux, comme James Crichton-Browne (1840–1938), avec qui il entretint une correspondance soutenue et cruciale pour son travail sur l’expression des émotions. Cependant, du milieu du XIXe siècle au début de la première guerre mondiale, la psychiatrie européenne fut surtout influencée par la théorie de la dégénérescence, puis dans une moindre mesure par l’évolutionnisme anthropologique d’Herbert Spencer (1820–1903) et le mouvement eugéniste. On trouvera ensuite chez certains des fondateurs de la psychopathologie moderne la marque d’une pensée évolutionniste, à commencer par Sigmund Freud (1856–1939) qui, en compagnie de Sándor Ferenczi (1873–1933), appliqua aux troubles mentaux des hypothèses empreintes, surtout du lamarckisme psychologique d’August Pauly (1850–1914) et du récapitulationnisme d’Ernst Haeckel (1834–1919). Plus récemment, John Bowlby (1907–1990) fut le précurseur, à travers la théorie de l’attachement, d’une psychopathologie néodarwinienne.

Discussion

Malgré les apparences, la théorie de la dégénescence, le spencérisme et l’eugénisme comportèrent des divergences notables avec la pensée de Darwin, en particulier l’absence de prise en compte du mécanisme de la sélection naturelle dans toute sa complexité. Plus sophistiqué, l’évolutionnisme de Freud et Ferenczi reposait sur des principes biologiques bientôt battus en brèche par les découvertes scientifiques de l’entre-deux-guerres. Les continuateurs de Bowlby enfin, dont la tendancieuse sociobiologie, perdirent de vue la question de l’évolution biologique pré-humaine.

Conclusion

Finalement, la voie reste ouverte de nos jours pour une approche raisonnablement darwinienne des émotions de l’Homme et de leurs vicissitudes.

Le texte complet de cet article est disponible en PDF.

Abstract

Objectives

To help position the “evolutionist point of view” in psychopathology and psychiatry, given that the history of the influence of Charles Darwin's (1809–1882) theory of evolution in these areas remains unclear and a source of misunderstandings.

Methods

We propose a historical essay on the relationships between Charles Darwin, his work, and psychiatry and psychopathology. The methodology implemented draws on the historiographic rules of verification and contextualization advocated by Henri Ellenberger, and on Sonu Shamdasani's “historical cubism”.

Results

Charles Darwin himself drew much inspiration from the writings of British psychiatrists of his time, and was directly in contact with some of them, such as James Crichton-Browne (1840–1938), with whom he decisively collaborated for his work on the expression of emotions. However, from the middle of nineteenth century to the beginning of First World War, European psychiatry was mainly influenced by the theory of degeneration, and later – to a lesser extent – by the anthropological evolutionism of Herbert Spencer (1820–1903) and the eugenic movement. Some of the founders of modern psychopathology were later influenced by an evolutionary approach, in particular Sigmund Freud (1856–1939) who, together with Sándor Ferenczi (1873–1933), applied to mental disorders hypotheses that were influenced mainly by the psychological Lamarckism of August Pauly (1850–1914) and the recapitulationism of Ernst Heckel (1834–1919). More recently, John Bowlby (1907–1990), through his theory of attachment, became a precursor of neodarwinian psychopathology.

Discussion

Despite appearances, the degeneracy theory, Spencerism, and eugenics all differed markedly from Darwin's thinking, particularly with respect to the complex mechanisms of natural selection. Although more sophisticated, the evolutionary approach according to Freud and Ferenczi was based on biological principles that were challenged by scientific discoveries in the interwar period. Bowlby's continuators, and in particular the somewhat tendentious sociobiology, lost sight of the issue of pre-human biological evolution.

Conclusion

Finally, the path remains open today for a rational Darwinian approach to human emotions and their vicissitudes.

Le texte complet de cet article est disponible en PDF.

Mots clés : Dégénérescence, Eugénisme, Phylogenèse, Expression de l’émotion, Histoire de la psychiatrie, Histoire de la psychanalyse, Neurosciences

Keywords : Degenerescence, Eugenics, Phylogensis, Expression of emotion, History of psychiatry, History of psychoanalysis, Neurosciences


Plan


 En annexe 1 seront présentés les portraits des différents auteurs étudiés, en annexe 2 sera présentée une frise chronologique.
☆☆ Toute référence à cet article doit porter mention : Marcaggi G, Guénolé F. « J’ai pensé qu’il fallait étudier les aliénés » : l’oeuvre de Charles Darwin et la médecine mentale. Evol psychiatr XXXX ; vol (no ) : pages (pour la version papier) ou URL [date de consultation] (pour la version électronique).


© 2018  Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
Ajouter à ma bibliothèque Retirer de ma bibliothèque Imprimer
Export

    Export citations

  • Fichier

  • Contenu

Vol 83 - N° 4

P. 579-598 - octobre 2018 Retour au numéro
Article précédent Article précédent
  • Image et culture dans la prise en charge de mineurs isolés étrangers
  • Pietro Alfano, Giuseppe Lo Piccolo, Palma Audino, Thierry Baubet
| Article suivant Article suivant
  • L’intuition délirante comme phénomène élémentaire de la psychose
  • Nicolas Brémaud

Bienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
L’accès au texte intégral de cet article nécessite un abonnement.

Bienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
L’achat d’article à l’unité est indisponible à l’heure actuelle.

Déjà abonné à cette revue ?

Mon compte


Plateformes Elsevier Masson

Déclaration CNIL

EM-CONSULTE.COM est déclaré à la CNIL, déclaration n° 1286925.

En application de la loi nº78-17 du 6 janvier 1978 relative à l'informatique, aux fichiers et aux libertés, vous disposez des droits d'opposition (art.26 de la loi), d'accès (art.34 à 38 de la loi), et de rectification (art.36 de la loi) des données vous concernant. Ainsi, vous pouvez exiger que soient rectifiées, complétées, clarifiées, mises à jour ou effacées les informations vous concernant qui sont inexactes, incomplètes, équivoques, périmées ou dont la collecte ou l'utilisation ou la conservation est interdite.
Les informations personnelles concernant les visiteurs de notre site, y compris leur identité, sont confidentielles.
Le responsable du site s'engage sur l'honneur à respecter les conditions légales de confidentialité applicables en France et à ne pas divulguer ces informations à des tiers.


Tout le contenu de ce site: Copyright © 2024 Elsevier, ses concédants de licence et ses contributeurs. Tout les droits sont réservés, y compris ceux relatifs à l'exploration de textes et de données, a la formation en IA et aux technologies similaires. Pour tout contenu en libre accès, les conditions de licence Creative Commons s'appliquent.