« J’ai pensé qu’il fallait étudier les aliénés » : l’œuvre de Charles Darwin et la médecine mentale - 16/10/18
‘It occurred to me that the insane ought to be studied’: Charles Darwin's work and mental medicine
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Résumé |
Objectifs |
Contribuer à situer le « point de vue évolutionniste » en psychopathologie et en psychiatrie, l’histoire de l’influence de la théorie l’évolution de Charles Darwin (1809–1882) dans ces domaines étant trouble et source de malentendus.
Méthode |
Nous proposons un essai historique sur les rapports entre Charles Darwin, son oeuvre et la psychiatrie et la psychopathologie, en nous inspirant sur le plan méthodologique des règles historiographiques de vérification et de contextualisation préconisées par Henri Ellenberger et du « cubisme historique » de Sonu Shamdasani.
Résultats |
Darwin fut lui-même très inspiré par les écrits des psychiatres britanniques de son temps et en contact direct avec certains d’entre eux, comme James Crichton-Browne (1840–1938), avec qui il entretint une correspondance soutenue et cruciale pour son travail sur l’expression des émotions. Cependant, du milieu du XIXe siècle au début de la première guerre mondiale, la psychiatrie européenne fut surtout influencée par la théorie de la dégénérescence, puis dans une moindre mesure par l’évolutionnisme anthropologique d’Herbert Spencer (1820–1903) et le mouvement eugéniste. On trouvera ensuite chez certains des fondateurs de la psychopathologie moderne la marque d’une pensée évolutionniste, à commencer par Sigmund Freud (1856–1939) qui, en compagnie de Sándor Ferenczi (1873–1933), appliqua aux troubles mentaux des hypothèses empreintes, surtout du lamarckisme psychologique d’August Pauly (1850–1914) et du récapitulationnisme d’Ernst Haeckel (1834–1919). Plus récemment, John Bowlby (1907–1990) fut le précurseur, à travers la théorie de l’attachement, d’une psychopathologie néodarwinienne.
Discussion |
Malgré les apparences, la théorie de la dégénescence, le spencérisme et l’eugénisme comportèrent des divergences notables avec la pensée de Darwin, en particulier l’absence de prise en compte du mécanisme de la sélection naturelle dans toute sa complexité. Plus sophistiqué, l’évolutionnisme de Freud et Ferenczi reposait sur des principes biologiques bientôt battus en brèche par les découvertes scientifiques de l’entre-deux-guerres. Les continuateurs de Bowlby enfin, dont la tendancieuse sociobiologie, perdirent de vue la question de l’évolution biologique pré-humaine.
Conclusion |
Finalement, la voie reste ouverte de nos jours pour une approche raisonnablement darwinienne des émotions de l’Homme et de leurs vicissitudes.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Abstract |
Objectives |
To help position the “evolutionist point of view” in psychopathology and psychiatry, given that the history of the influence of Charles Darwin's (1809–1882) theory of evolution in these areas remains unclear and a source of misunderstandings.
Methods |
We propose a historical essay on the relationships between Charles Darwin, his work, and psychiatry and psychopathology. The methodology implemented draws on the historiographic rules of verification and contextualization advocated by Henri Ellenberger, and on Sonu Shamdasani's “historical cubism”.
Results |
Charles Darwin himself drew much inspiration from the writings of British psychiatrists of his time, and was directly in contact with some of them, such as James Crichton-Browne (1840–1938), with whom he decisively collaborated for his work on the expression of emotions. However, from the middle of nineteenth century to the beginning of First World War, European psychiatry was mainly influenced by the theory of degeneration, and later – to a lesser extent – by the anthropological evolutionism of Herbert Spencer (1820–1903) and the eugenic movement. Some of the founders of modern psychopathology were later influenced by an evolutionary approach, in particular Sigmund Freud (1856–1939) who, together with Sándor Ferenczi (1873–1933), applied to mental disorders hypotheses that were influenced mainly by the psychological Lamarckism of August Pauly (1850–1914) and the recapitulationism of Ernst Heckel (1834–1919). More recently, John Bowlby (1907–1990), through his theory of attachment, became a precursor of neodarwinian psychopathology.
Discussion |
Despite appearances, the degeneracy theory, Spencerism, and eugenics all differed markedly from Darwin's thinking, particularly with respect to the complex mechanisms of natural selection. Although more sophisticated, the evolutionary approach according to Freud and Ferenczi was based on biological principles that were challenged by scientific discoveries in the interwar period. Bowlby's continuators, and in particular the somewhat tendentious sociobiology, lost sight of the issue of pre-human biological evolution.
Conclusion |
Finally, the path remains open today for a rational Darwinian approach to human emotions and their vicissitudes.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Mots clés : Dégénérescence, Eugénisme, Phylogenèse, Expression de l’émotion, Histoire de la psychiatrie, Histoire de la psychanalyse, Neurosciences
Keywords : Degenerescence, Eugenics, Phylogensis, Expression of emotion, History of psychiatry, History of psychoanalysis, Neurosciences
Plan
☆ | En annexe 1 seront présentés les portraits des différents auteurs étudiés, en annexe 2 sera présentée une frise chronologique. |
☆☆ | Toute référence à cet article doit porter mention : Marcaggi G, Guénolé F. « J’ai pensé qu’il fallait étudier les aliénés » : l’oeuvre de Charles Darwin et la médecine mentale. Evol psychiatr XXXX ; vol (no ) : pages (pour la version papier) ou URL [date de consultation] (pour la version électronique). |
Vol 83 - N° 4
P. 579-598 - octobre 2018 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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