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« ChemSex », consommation en contexte sexuel : quelles substances ? Quelle prévention ? Données du réseau français d’addictovigilance - 04/11/18

Doi : 10.1016/j.therap.2018.09.068 
Anne Batisse 1, , Hélène Peyrière 2, Charles Cazanave 3, Hélène Donnadieu-Rigole 4
1 Centre d’addictovigilance-CEIP, hôpital Fernand Widal, 200, rue du Faubourg Saint-Denis, 75475 Paris cedex 1, France 
2 Centre d’addictovigilance-CEIP, département de pharmacologie médicale et toxicologie, CHU Montpellier, Montpellier, France 
3 Département des maladies infectieuses et tropicales-infectiologie, CHU Bordeaux, Bordeaux, France 
4 Département d’addictologie, CHU de Montpellier, Montpellier, France 

Auteur correspondant.

Résumé

Introduction

Le chemsex se définit par l’usage de substances psychoactives en contexte sexuel afin d’améliorer performance, durée et plaisir sexuel. La surveillance de ce phénomène est une des missions du réseau d’addictovigilance. Après un premier état des lieux élaboré en 2014, et devant une série de cas de décès en 2016, une nouvelle expertise présente les complications liées au chemsex et l’évolution de cette pratique en France.

Méthodes

Entre janvier 2008 et août 2017, tous les cas de chemsex extraits des bases de données NotS, DRAMES et soumission chimique, trois outils épidémiologiques du réseau des CEIP-A sont analysés. Une comparaison des données avant et après 2014 est réalisée pour établir l’évolution de la pratique.

Résultats

Deux-cent trente cinq cas de chemsex dont 24 décès (10,21 %) ont été collectés et analysés. Il s’agit exclusivement d’hommes d’âge moyen de 39±11 ans. Une augmentation du nombre de cas notifiés est observée (1 cas en 2008, 50 au cours des huit premiers mois 2017), avec une diffusion à l’ensemble des régions et une extension à toutes les tranches d’âge.

Les principaux antécédents des sujets sont une contamination virale par le VIH (45 %) et le VHC (20 %), des troubles de l’usage de substances (36 %), des infections sexuellement transmissibles hors VIH/VHB/C (IST 17 %) et des troubles psychiatriques (16 %). Une diffusion de la pratique aux personnes séronégatives est observée. Il y aurait une banalisation de la pratique.

Sur les 235 dossiers, 345 substances psychoactives ont été renseignées et concernent principalement des cathinones, 4-MEC et 3-MMC. Un changement des produits consommés au cours de la période d’étude est notable (en 2014 méphédrone, NRG-3, 4-MEC et MDPV étaient les plus rapportés). Une polyconsommation est retrouvée dans 64 % des cas (notamment le GHB 19 % des cas).

Les principales complications (toutes mentions) concernent les troubles liés à l’usage de substances ou TUS (63 %), les intoxications aiguës graves et non graves de type neurologiques ou cardiovasculaires (50 %), les troubles psychiatriques divers (39 %), et les infections virales et bactériennes (18 %). Concernant les cas de comas, dans 95 % des cas, le GHB était présent. La durée de la pratique augmente sur la période et majoritairement de plus de 1 an, après 2014.

Une augmentation importante du nombre de décès est observée sur la période de l’enquête : il s’agit d’hommes, d’âge moyen 43,8 ans. Une polyconsommation est retrouvée dans 75 % des cas renseignés dont sept cas avec une consommation de plus de trois SPA. Ce signal fort est à surveiller.

Conclusion

Les données d’addictovigilance permettent une analyse nationale du phénomène chemsex d’un point de vue toxicologique, infectieux et psychiatrique, associée à la surveillance des décès. Cet outil de surveillance doit alerter les instances de santé publique afin d’appuyer les programmes de réduction des risques et de prise en charge des chemsexers.

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Vol 73 - N° 6

P. 559 - décembre 2018 Retour au numéro
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