Le fentanyl : usages, mésusages et dépendance - 04/11/18
Résumé |
Introduction |
Le fentanyl, analgésique opioïde réservé à l’anesthésie jusqu’aux années 1990, a vu ses indications élargies avec le développement de formes non injectables : d’abord la forme transdermique (FTD) puis les formes transmuqueuses (FTM). La FTD est indiquée dans le traitement des douleurs chroniques d’origine cancéreuse et non cancéreuse (DCNC). Les FTM ont, quant à elles, une seule indication : le traitement des accès douloureux paroxystiques chez des patients cancéreux. Malgré leur intérêt thérapeutique indiscutable pour certains types de douleurs, ces médicaments ne sont pas dépourvus d’effets indésirables (EI) et possèdent un important risque de mésusage, comme en témoignent de nombreux cas disponibles dans la littérature internationale. L’ANSM a mis en place en 2009 (FTM) et 2016 (FTD) un suivi national de pharmacovigilance (FTM) et d’addictovigilance (FTM et FTD). Nous présentons les Résultats de ces suivis.
Méthode |
Analyse des données recensées sur 3 ans (FTM) et 6 ans (FTD) d’étude :
– cas cliniques rapportés aux CEIP-A et CRPV ;
– données des enquêtes pharmaco-épidémiologiques des CEIP-A ;
– utilisation de VigiLyze pour établir un profil d’EI.
Résultats |
Les profils mis en évidence dans les cas d’addictovigilance différent en fonction de la forme galénique. Pour les FTD, 2 profils :
– recherche d’effets antalgiques (74 %): femmes (61 %), 49 ans, ATCD d’abus et/ou psychiatriques (46 %), DCNC (93 %);
– recherche d’effets psychiques positifs autres qu’antalgiques (26 %): hommes (82 %), âge moyen de 36 ans, ATCD addictifs et/ou psychiatriques (87 %), obtention illégale (60 %).
Pour les FTM, 1 seul profil : femmes (52 %), 48 ans, ATCD d’abus (24 %) et psychiatriques (28 %), indications hors AMM (72 %). Les principaux EI rencontrés, aussi bien pour les FTD que pour les FTM, sont classiques des opioïdes. Pour les FTM, il existe un risque d’atteinte au site d’administration ainsi que de perte de dents spécifique à Actiq®.
Discussion |
Nos résultats sont comparables à ceux de la littérature rapportant des taux importants de mésusage mais aussi de dépendance au fentanyl chez des patients traités pour des DCNC. Il apparaît indispensable que la prise en charge d’une pharmacodépendance au fentanyl soit pluridisciplinaire, associant algologues, addictologues et pharmacologues.
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Vol 73 - N° 6
P. 570 - décembre 2018 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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