Les spécialités à base de codéine, dextrométhorphane, éthylmorphine ou noscapine ont été inscrites sur la liste des substances vénéneuses le 12 juillet 2017 [1Arrêté du 12 juillet 2017 portant modification des exonérations à la réglementation des substances vénéneuses. Légifrance. texte [Consulté le 6 septembre 2018].

Cliquez ici pour aller à la section Références], en raison de l’identification des cas d’abus et de mésusage à visée récréative chez des adolescents et jeunes adultes, ayant donné lieu à 2 décès en 2017. L’accès à ces médicaments a ainsi été limité, mais le recours à d’autres moyens d’obtention, dont la falsification d’ordonnances, est à craindre. L’objectif de cette étude était d’évaluer l’impact de cette réglementation à partir de l’analyse de ces spécialités identifiées dans l’enquête ordonnances suspectes indicateur d’abus possible (OSIAP) entre 2013 et 2017.

Les ordonnances enregistrées entre 2013 et 2017 mentionnant au moins une spécialité à base de codéine, dextrométhorphane, éthylmorphine ou noscapine, seuls ou en association, ainsi que celles mentionnant des spécialités à base de pholcodine, ont été extraites de la base de données OSIAP [2Jouanjus E., Guernec G., Lapeyre-Mestre M., the French Addictovigilance Network Medical prescriptions falsified by the patients : a 12-year national monitoring to assess prescription drug diversion Fundam Clin Pharmacol 2018 ;  32 : 306-322 [cross-ref]

Cliquez ici pour aller à la section Références]. Des taux de citations ont été calculés en rapportant le nombre de citations annuels à celui des ordonnances recueillies pendant l’année considérée. Une analyse descriptive a été réalisée à l’aide du logiciel SAS 9.4, basée sur la comparaison des OSIAP présentées avant et après le 12 juillet 2017.

Au total, 95 citations de spécialités renfermant de la codéine (n=82), du dextrométhorphane (n=6), de la pholcodine (n=5), ou de l’association codéine/éthylmorphine (n=2) ont été identifiées. Il n’y en avait aucune concernant la noscapine. À l’exception de la codéine, les taux annuels de citations sur l’ensemble de la période étaient compris entre 0 et 0,3 %, sans variation significative d’une année sur l’autre. Pour la codéine, on observait déjà une augmentation en 2016, avec 0,7 % des citations (9 citations), progressant à 10,2 % (soit 62 citations) à partir du 12 juillet 2017.

Ces résultats suggèrent que le recours à la falsification d’ordonnances a fortement augmenté depuis le 12 juillet 2017 pour les spécialités à base de codéine, tandis que les autres spécialités concernées ne semblent pas avoir été impactées. Cependant, la vigilance doit être maintenue lors de la délivrance, notamment à l’égard des spécialités apparentées qui, telle la pholcodine, sont encore accessibles sans ordonnance.