La surmortalité des malades mentaux à la lumière de l'Histoire. L'exemple de l'hôpital Saint-Jean-de-Dieu de Lyon pendant la deuxième guerre mondiale - 01/01/02
Marc Masson * a , Jean-Michel Azorin b *Auteur correspondant. Monsieur le Dr M. Masson. Tél. : +33-4-91-13-71-00 ; fax : +33-4-91-91-19-45.
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Résumé |
Soulevée par la thèse de M. Lafont (1981), la question de la surmortalité des malades mentaux (qui s'élèverait à 40 000) en France pendant la seconde guerre mondiale continue de faire l'objet de travaux et de publications. La question historique demeure claire : cette surmortalité est-elle le résultat d'une volonté délibérée d'autoriser < l'extermination douce > des aliénés, ou est-elle la conséquence des conditions de vie difficiles liées à l'occupation ? Pour répondre à cette question, l'historien de la psychiatrie C. Quétel recommande l'étude des documents d'archives (médicaux et administratifs) de l'époque. Dans cette perspective, il nous a semblé intéressant de mettre en lumière le rapport administratif et médical de l'hôpital Saint-Jean-de-Dieu de Lyon (pour les années 1939-1945). Si elle fut moindre que dans d'autres établissements, la surmortalité est analysée ici de manière concrète et objective sous différents aspects. Face aux difficultés inhérentes à l'occupation et au climat d'indifférence à l'égard des aliénés, induit par les courants scientifiques eugénistes, l'attitude humaniste des Frères de Saint-Jean-de-Dieu fut la seule ressource qui leur permit de trouver des solutions de remplacement et de limiter ainsi la surmortalité des patients qui leur étaient confiés. Dans ce contexte, la mise en parallèle d'un tel exemple historique avec les défis lancés à la psychiatrie ouvre aujourd'hui une perspective où la réflexion éthique n'est pas absente.
Mots clés : Histoire de la psychiatrie ; Saint-Jean-de-Dieu ; 2e guerre mondiale ; Surmortalité ; Schizophrénie ; Éthique.
Abstract |
In 1981, M. Lafont suggested that there was a possibly excessive mortality during the Second World War of subjects with mental disorders (amounting to about 40,000 individuals), a question which continues to be the focus of studies and scientific articles. The historical issue is clear: was this excessive mortality the result of a deliberate action on the part of the authorities to authorize the “soft” extermination of mentally maladjusted citizens, or was it due to the difficult living conditions of the German occupation these persons were exposed to? In reply to this question, the psychiatric historian, C. Quétel, has advocated recourse to the archives of this period (medical and administratrive documents). With this in mind, we considered that it would be interesting to examine the medical and administrative report of the Saint-Jean-de-Dieu Hospital in Lyon (for the years 1939-1945). Although the incidence may have been less important than in other institutions, the excessive mortality is here analyzed in a concrete and objective manner. Faced with the difficulties connected with the nazi occupation and with the indifferent attitude concerning mentally disabled individuals fostered by eugenistic scientific trends, the humanistic approach of the Brothers of Saint John of God was the only means of finding alternative solutions, thereby limiting the excessive mortality of individuals placed in their care. In this context, this historical example placed in parallel with the challenges confronting psychiatry today provides a means of analysis in which ethical considerations are not lacking.
Mots clés : History of psychiatry ; Saint John of God ; Second World War ; Excessive mortality ; Schizophrenia ; Ethics.
Plan
Vol 67 - N° 3
P. 465-479 - juillet-septembre 2002 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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