Une mesure du plaisir alimentaire pour des personnes âgées en situation de dépendance culinaire - 15/11/18
Résumé |
Introduction et but de l’étude |
Bien vieillir suppose que soit maintenue le plus longtemps possible une prise alimentaire qui réponde aux besoins nutritionnels du corps vieillissant sans pour autant oublier les besoins hédoniques des personnes. L’avancée en âge amène les personnes à déléguer tout ou une partie des activités culinaires à un tiers. Cette « dépossession » alimentaire rend plus difficile l’accès au plaisir alimentaire. Le but de notre étude est de proposer une mesure du plaisir alimentaire pour des personnes en situation de dépendance alimentaire et d’étudier les liens entre le plaisir alimentaire et des données nutritionnelles, psychologiques et sociologiques.
Matériel et méthodes |
Cent-quatre-vingt-dix-neuf personnes âgées vivant à domicile (M=83,70 ans±7,62 ; [65–100] ; 70,9 % de femmes) et dépendantes pour leur alimentation (aides pour les courses ou la préparation des repas, service de portage de repas) ont été recrutés dans le cadre de l’enquête Réussir écologiquement une nutrition équilibrée et sensoriellement adaptée pour senior (RENESSENS). L’échelle d’expérience temporelle du plaisir (Gard et al., 2006) comprenant deux types de plaisir (anticipatoire et consommatoire) a été adaptée au plaisir alimentaire pour mesurer la capacité hédonique des personnes. La version initiale du questionnaire comporte 16 items : 8 relatifs au plaisir anticipatoire et 8 relatifs au plaisir consommatoire. D’autre part, le statut nutritionnel (MNA), l’appétit (SNAQ), le besoin de contrôle sur son alimentation, les styles de mangeur (viande, dessert, légumes, poisson…), la solitude lors des repas et les symptômes dépressifs (GDS) des participants ont été évalués.
Résultats et analyse statistique |
Une analyse factorielle exploratoire suivie d’une analyse factorielle confirmatoire ont permis de valider une échelle de plaisir constituée de deux dimensions : plaisir consommatoire (5 items) et plaisir anticipatoire (5 items) avec une consistance interne satisfaisante. Nos résultats indiquent une diminution de la capacité à prendre du plaisir à manger chez les personnes âgées. Les deux dimensions du plaisir alimentaire sont liées positivement au besoin de contrôler son alimentation et à l’appétit. Les personnes qui ont de forts scores de plaisir consommatoire sont celles qui ont le meilleur statut nutritionnel, le moins de symptômes dépressifs et qui ne sont pas seules lors des repas. Enfin, les personnes qui se définissent comme aimant les desserts, les douceurs, les viennoiseries et les fruits sont celles qui ont les plus forts scores de plaisir anticipatoire tandis que les personnes qui aiment le pain, le fromage et les plats élaborées sont celles qui ont le plus fort score de plaisir consommatoire.
Conclusion |
Cette étude a permis de valider une échelle de plaisir liée à l’alimentation chez des personnes âgées dépendantes pour leur alimentation. Même si avec l’âge, il semble bien qu’il y ait une perte de la sensibilité à éprouver du plaisir à manger (anhédonie alimentaire) pour autant, nos résultats démontrent que prendre plaisir à manger peut contribuer et encourager une bonne alimentation.
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Vol 32 - N° 4
P. 276 - novembre 2018 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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