Les souris rendues obèses par une alimentation riche en lipides sont-elles plus sensibles au stress ? - 15/11/18
Résumé |
Introduction et but de l’étude |
L’obésité, enjeu majeur de santé publique, peut avoir des effets dichotomiques selon son grade. Ainsi, les sujets en obésité de grade I ou II semblent être protégés du syndrome de l’intestin irritable (SII) alors que la prévalence du SII est augmentée d’un facteur 6 chez les sujets en obésité de grade III par rapport à la population générale. Le but de ce travail a donc été d’évaluer la réponse de souris obèses à un modèle de stress fréquemment utilisé pour étudier les mécanismes physiopathologiques du SII, le stress d’évitement de l’eau ou WAS.
Matériel et méthodes |
Des souris mâles C57Bl/6 ont été soumises à un régime riche en lipides (60 %kcal sous forme lipidique ; HFD) ou non (SD) pendant 12 semaines (S12). À S12, les souris ont été soumises ou non au stress d’évitement de l’eau (WAS) pendant 10jours consécutifs, aboutissant ainsi à la formation de 4 groupes : SD-CT, SD-WAS, HFD-CT, HFD-WAS (n=10/groupe). Des mesures de composition corporelle par EchoMRI ont été réalisées à S0, S12 et après WAS. La perméabilité intestinale globale au cours du dernier jour de WAS a été étudiée in vivo après gavage des souris au FITC-dextran. Après le sacrifice des souris, la perméabilité colique a été évaluée sur des segments placés en chambre de Ussing et la corticostérone plasmatique a été mesurée par ELISA.
Résultats et analyse statistique |
Les souris HFD présentaient un poids significativement plus élevé que les souris SD (à S12 : 39,8±1,2 vs 29,7±0,4g, p<0,001), dû à une augmentation de masse grasse (9,8±1,2 vs 1,8±0,1g, p<0,001) mais sans modification de masse maigre (26,9±0,3 vs 27,0±0,4, p<0,001). En réponse au WAS, seules les souris HFD perdaient du poids (p<0,05). Une forte augmentation de la corticostérone plasmatique a été observée chez les souris HFD-WAS par rapport aux souris SD-WAS et SD-CT (4,2±0,5 vs 0,93±0,1 et 1,0±0,2ng/mL, respectivement, p<0,05). Les souris HFD-WAS présentaient également une augmentation de la perméabilité intestinale globale par rapport aux souris SD-CT et HFD-CT (0,23±0,05 vs 0,05±0,00 et 0,10±0,02μg/mL, respectivement, p<0,05) mais aussi par rapport aux souris SD-WAS (0,08±0,03μg/mL, p<0,05). Il existait une corrélation positive entre la perméabilité intestinale globale et la corticostéronémie (r=0,51, p=0,021). Enfin, la perméabilité colique était augmentée dans les groupes SD-WAS, HFD-CT et HFD-WAS par rapport au groupe SD-CT mais de manière plus marquée dans les groupes HFD-CT et HFD-WAS (p<0,05).
Conclusion |
Les souris rendues obèses par une alimentation riche en lipides semblent plus sensibles au stress avec une élévation importante de la corticostérone et une augmentation de la perméabilité intestinale. Les mécanismes mis en jeu ainsi que l’impact sur les troubles fonctionnels intestinaux (motricité, sensibilité) restent à déterminer.
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Vol 32 - N° 4
P. 305 - novembre 2018 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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