Les impacts d’un trouble du comportement alimentaire maternel sur le foetus et l’enfant en bas-âge - 15/11/18
Résumé |
Introduction et but de l’étude |
À cause de la fréquente association entre aménorrhée et anorexie mentale (AM) ou boulimie (B), le risque de grossesses non-planifiées chez ces patientes est bien présent. La prévalence de TCA lors d’une grossesse est estimée à 3 %, cependant, ils seraient souvent sous-diagnostiqués et par conséquent pris en charge de manière insuffisante. La littérature met en avant un risque élevé de complications maternofœtales liées aux TCA mais les études sont rares. Le but de cette étude était de déterminer si l’AM et la B maternelles avaient un impact sur le taux de prématurité, le poids de naissance et la circonférence crânienne du nouveau-né ainsi que sur le développement staturo-pondéral du fœtus à l’enfant en bas-âge. Un second objectif était d’évaluer si les conséquences potentielles pouvaient être mises en lien avec les carences ou la psychopathologie dues au TCA.
Matériel et méthodes |
Afin d’obtenir une vision globale de la littérature sur cette thématique, une revue systématique de littérature a été réalisée à partir des bases de données Pubmed et Cinahl en sélectionnant uniquement les études de cohortes datant des dix dernières années.
Résultats et analyse statistique |
Dix études ont pu être sélectionnées. Six d’entre elles avaient évalué la prématurité et indiquaient un risque plus élevé chez les mères atteintes d’AM ou de B. Six études mettaient en avant un risque de poids de naissance inférieur à la normale chez les nouveau-nés de femmes souffrant de B et de façon plus importante encore chez ceux de mères souffrant d’AM. Trois études ont trouvé que la circonférence crânienne des nouveau-nés de femmes atteintes d’AM ou de B était inférieure à celle des nouveau-nés de mères en santé. Huit études ont étudié l’évolution staturo-pondérale de la progéniture de mères souffrant de TCA et mettaient en lumière une croissance intra-utérine restreinte chez les fœtus de mères atteintes d’AM et une courbe staturo-pondérale significativement différente pour les enfants de mères atteintes de TCA en comparaison de celle des enfants de mères en santé. Des carences alimentaires maternelles pourraient être en lien avec le risque de prématurité. La circonférence crânienne ainsi que le faible poids de naissance seraient également en lien avec l’état nutritionnel mais aussi avec le stress et les émotions négatives de la mère. La croissance fœtale réduite pourrait être le fruit d’une perturbation de la balance métabolique de la mère. La croissance staturo-pondérale de l’enfant dépend de plus nombreux facteurs contextuels.
Conclusion |
Cette étude démontre qu’un dépistage et une prise en charge spécialisés, multidisciplinaires et périconceptionnels des femmes atteintes de TCA sont essentiels afin de diminuer les risques de complications. Le diététicien détient une place importante et de multiples rôles dans la prise en charge, tant au niveau du dépistage, de la supplémentation, que de la prise en charge de certains aspects de la psychopathologie et du suivi à long terme. Bien que la littérature se soit développée au cours des dernières années, elle demeure insuffisante et nécessite des études rigoureuses pour mieux comprendre l’implication périconceptionnelle des TCA et leurs mécanismes d’influence.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Plan
Vol 32 - N° 4
P. 331 - novembre 2018 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
L’accès au texte intégral de cet article nécessite un abonnement.
Déjà abonné à cette revue ?