Greffe d’émotion - 24/11/18
Résumé |
Et si l’émotion n’était qu’un objet ? Objet en tant que rythme, bondissement, poussée, jet que dit déjà le mot objet ? Certes, non définie dans sa motricité, l’émotion est objet mouvant par définition et par étymologie, mais non réductible à une géométrie analytique. L’émotion est mouvement, mais elle est aussi, vertu du préfixe, la cause et la raison du mouvement. À l’échelle de l’individu, l’émotion est mouvement intérieur, traduit par un (non)mouvement extérieur, lu par un regard, lui-même susceptible de susciter émotion dans une forme de spirale infinie. Le pas philosophique est alors vite franchi d’assimiler émotion et vie, dès lors qu’il n’y a pas de vie, même végétative, sans relation avec le milieu dans lequel elle s’exprime. À la fois éloignée et proche de cette digression, la greffe d’émotion ne prétend s’appliquer ici qu’au fait expérimental représenté par la greffe de visage, cette allotransplantation de tissu composite au niveau de la face, première chirurgicale réalisée en 2005 et reprise dans le monde une quarantaine de fois depuis. La question posée, ayant convenu que chez l’individu l’émotion concentre non exclusivement son mouvement sur le visage, lieu de concentration de la sensorialité, quelle biomécanique la sous-tend ? La lecture du parchemin cutané qui nous recouvre et nous protège interprète un ballet chorégraphié de muscles peauciers dont anatomie et physiologie gardent nombre de secrets. De Duchenne de Boulogne à l’élasto-IRM, en passant par le FACS et la motion capture, le scientifique n’a de cesse de percer ce secret de l’en-mouvement. Extrapolant du fait scientifique, la greffe de visage suscita émotion dans le monde, précédée qu’elle fut d’atermoiements, de réserves a priori, d’études expérimentales, de déclarations d’intention, mais aussi d’une forme de prédestination, relayée une fois accomplie par nombre de critiques rapidement balayées par la preuve scientifique qu’au-delà d’un simple transplant de tissu, de viande oserait-on dire, cette intervention, à l’opposé de ce que pensaient ses détracteurs, était greffe de visage, donc greffe d’émotion.
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Vol 48 - N° 6
P. 313 - décembre 2018 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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