Le consortium TOURNESOL, regroupant 11 équipes de chercheurs et de cliniciens de trois villes (Marseille, Montpellier et Rouen) et financé par la Fondation de l’Avenir, a pour mission de mener deux essais cliniques destinés à réparer des nerfs périphériques lésés–nerfs facials et des membres – grâce à des greffes autologues de cellules souches nasales. Pourquoi la thérapie cellulaire ? Environ 100 000 opérations de réparation nerveuse sont réalisées chaque année aux États-Unis et en Europe. Elles représentent 2,8 % des traumatismes et sont le plus souvent responsables d’une perte de fonction voire d’invalidité. Malgré des progrès dans le délai de prise en charge et dans la qualité du geste technique chirurgical, il n’y a eu aucun progrès majeur depuis une vingtaine d’années. Une approche de thérapie cellulaire pourrait limiter l’inflammation et améliorer la croissance axonale. Pourquoi les cellules souches olfactives nasales ? Chez le mammifère adulte, y compris chez l’homme, la muqueuse olfactive est le seul tissu nerveux capable d’auto-renouvellement. La plasticité de ce tissu est en partie assurée par des cellules souches qui sont multipotentes. Comme démontré par plusieurs membres du consortium, elles peuvent donner naissance à des cellules neurales (neurones, astrocytes, oligodendrocytes, cellules de Schwann). Leur potentiel thérapeutique a été testé avec succès dans différents modèles animaux de paraplégie, de la maladie de Parkinson, de surdité et d’amnésie. Que disent les études menées chez le rat par le consortium. Deux études, menées en parallèle sur le nerf facial et le nerf péronier ont permis de montrer que la greffe de cellules souches olfactives : améliore la récupération fonctionnelle de la mobilité faciale ; diminue les syncinésies œil-bouche ; accroît les capacités locomotrices ; améliore le seuil tétanique, le temps de contraction et le taux de relaxation musculaire Les cellules souches olfactives, médicament de thérapie innovante, agréé par l’ANSM. Avant de mener les essais cliniques, il a été nécessaire de cultiver les cellules souches dans un laboratoire de thérapie cellulaire, dans des conditions répondant aux normes européennes. Les essais cliniques multicentriques porteront sur une première série de 10 patients avec des lésions négligées des nerfs collatéraux et de la branche sensitive du nerf radial avec une perte de substance. La période d’évaluation post-greffe s’étalera sur 12 mois. La chirurgie régénérative va représenter une révolution dans la réparation des membres. Et les nerfs périphériques devraient en bénéficier.