Profil de l’atteinte pulmonaire au cours de la polyarthrite rhumatoïde - 28/11/18
Résumé |
Introduction |
L’atteinte respiratoire au cours de la polyarthrite rhumatoïde (PR) présente un tableau clinique polymorphe. À ce jour, les mécanismes physiopathologiques de cette manifestation ne sont pas bien élucidés. Plusieurs facteurs de risques ont été identifiés.
Le but de ce travail était de décrire les particularités épidémiocliniques et paracliniques de l’atteinte respiratoire afin de dégager les facteurs associés à sa survenue.
Patients et méthodes |
Il s’agit d’une étude rétrospective et analytique incluant 82 patients atteints de PR répondant aux critères ACR 1987 et ACR/EULAR 2009. Les données sociodémographiques, cliniques étaient recueillies.
Résultats |
Il s’agissait de 20 hommes et 62 femmes. L’âge moyen était de 54,23+13,16 ans avec une durée moyenne d’évolution de la PR 107 mois. Le tabagisme était noté chez 11,1 % des patients. Les DMARDs utilisés étaient : le méthotrexate (MTX) (51,9 %), la salazopyrine (21,1 %) et un traitement biologique dans 46,34 % des cas. La corticothérapie était utilisée dans 95,1 % des cas.
L’atteinte pulmonaire était observée dans 29,26 % des cas (n=24). Les signes fonctionnels respiratoires étaient notés dans 45,83 % des cas, à type de toux (27,27 %) et de dyspnée(81,81 %). Parmi les patients ayant une atteinte pulmonaire, 37,5 % avaient des anomalies à l’exploration fonctionnelle pulmonaire (EFR) avait montré des anomalies : un syndrome restrictif dans 57,12 % des cas et un syndrome obstructif dans 42,88 % des cas.
La radiographie du thorax (RX) avait montré un syndrome interstitiel dans 38,5 %des cas. La tomodensitométrie haute résolution a montré des anomalies dans 19 cas : pneumopathie interstitielle diffuse (PID) (n=8), des nodules rhumatoïdes (n=5), une bronchiolite (n=5) et une pleurésie (n=1). L’atteinte pulmonaire était présente au moment du diagnostic de la PR chez 27,8 % des patients. Elle émaillait le cours évolutif de la PR dans le reste des cas avec un délai moyen entre le début de la PR et la découverte de l’atteinte pulmonaire de 57,8 mois [3–204].
Le MTX était utilisé dans 84,61 % des patients ayant une atteinte pulmonaire. Le délai entre le début du MTX et l’apparition de l’atteinte pulmonaire était de 28 mois [0–60].
Les patients avec atteinte pulmonaire avaient un délai diagnostic plus important (79 mois, vs 39 mois, p=0,027) et une PR plus active (DAS28 moyen=5,65 vs 4,98 ; p=0,045)
Par ailleurs, aucune association significative n’a été retrouvée avec le sexe masculin (sexe ratio=0,33 vs 0,31 ; p=0,930), la présence d’anticorps antipeptides citrullinés (68,18 % vs 62,74 % ; p=0,459), facteur rhumatoïde (66,66 % vs 44,23 ; p=0,069) et le tabagisme (4,16 %, vs 14,81 % ; p=0,174). L’âge de début de la PR, la durée d’évolution, la présence d’érosion à la radiographie n’étaient pas associés à l’atteinte pulmonaire.
Après la découverte de l’atteinte pulmonaire le MTX a été arrêté dans 33,33 %des cas et maintenu dans 2/3 des cas. Il était toléré sur le plan respiratoire avec un recul de 58 mois.
Discussion |
L’exacte prévalence de l’atteinte pulmonaire au cours de la PR reste à ce jour indéterminée puisque variable en fonction des outils de détection utilisés.
Dans notre étude 38,5 % des patients avaient des anomalies à la RX.
Plus que la moitié des patients ayant une atteinte pulmonaire étaient asymptomatiques. La PID constitue la manifestation pulmonaire la plus fréquente et la plus sévère, elle était objectivée dans 42,10 % des cas à la TDM-HR.
Il est classiquement rapporté que la PID survient plus fréquemment chez des patients séropositifs pour les anticorps anti-CCP (ACPA) et le facteur rhumatoïde (FR) avec des taux souvent élevés d’ACPA et de facteur rhumatoïde (FR) [1 ], cette association n’a pas été objectivée dans notre étude.
Il n’existe à ce jour aucun argument pour incriminer le MTX comme facteur de risque de survenue ou de progression de la PID au cours de la PR[2 ]. La détection d’une PID ne constitue pas une indication à interrompre le MTX, sauf dans des formes aiguës ou subaiguës.
Conclusion |
Du fait de sa fréquence, d’une phase longtemps asymptomatique et enfin, d’une surmortalité importante, l’atteinte pulmonaire requiert une attention particulière de la part du rhumatologue.
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Vol 39 - N° S2
P. A128 - décembre 2018 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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