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Relation entre xérostomie subjective, objective et syndrome de Sjögren selon le sexe - 28/11/18

Doi : 10.1016/j.revmed.2018.10.391 
V. Lacombe , P. Lozac’h, A.B. Beucher, A. Ghali, C. Lavigne, G. Urbanski
 Médecine interne et maladies vasculaires, Centre Hospitalier Universitaire d’Angers, 49000 Angers, France 

Corresponding author.

Résumé

Introduction

La sécheresse oculo-buccale est le principal motif de suspicion de syndrome de Sjögren (SS). Dans les critères diagnostics ACR/EULAR 2016 du SS, la xérostomie doit être objectivée par le débit salivaire (DS) [1]. Malgré une forte prédominance féminine (sex-ratio=10) [2], le SS affecte également les hommes. Dans notre expérience, la gêne liée à la sécheresse est moins exprimée chez les hommes ce qui pourrait entraîner un sous-diagnostic de sécheresse objective et donc de SS dans la population masculine. Dans ce travail, nous avons comparé les évaluations de xérophtalmie subjective et objective entre hommes et femmes consultant pour une suspicion de SS.

Patients et méthodes

Notre étude portait sur une cohorte de patients ayant consulté un même médecin dans notre service de Médecine Interne entre janvier 2015 et juillet 2018 pour une suspicion de SS. Un syndrome sec buccal subjectif était défini par la présence depuis plus de 3 mois d’une sensation quotidienne de bouche sèche ou d’une nécessité de boire pour avaler les aliments secs, conformément aux critères internationaux. Le DS était systématiquement évalué. Un DS ≤1,5ml/15min définissait une xérostomie objective. Le SS était défini par un score ACR/EULAR 2016 ≥4 après exclusion des diagnostics différentiels. Les variables qualitatives étaient exprimées en valeur absolue et pourcentage et les variables continues en médiane et quartiles. Les performances diagnostiques étaient évaluées par les sensibilités (Se), spécificités (Sp) et rapports de vraisemblance positifs (RV+).

Résultats

Parmi une cohorte de 194 patients d’âge médian de 57 ans [49–67], 171/194 (88,1 %) rapportaient une xérostomie subjective dont 141/156 femmes (90,4 %) et 30/38 hommes (78,9 %). Le débit salivaire était ≤1,5mL/15min chez 67/194 patients (34,5 %), dont 56/156 femmes (35,9 %) et 11/38 hommes (28,9 %) (p=0,42).

Le DS ne différait pas entre hommes et femmes, qu’ils expriment une xérostomie subjective (respectivement 3,0ml/15min [1,0–6,4] contre 2,6ml/15min [1,0–5,0], p=0,42), ou non (respectivement 5,0ml/15min [4,0–6,9] et 4,9ml/15min [3,5–10,0], p=0,89). Les performances diagnostiques pour prédire un DS1,5mL/15min en cas de xérostomie subjective montraient une Se élevée dans les deux sexes (98,2 % [IC95 % : 94,7–100] chez les femmes, 90,9 % [IC95 % : 73,9–100] chez les hommes) mais une Sp médiocre (14,0 % (IC95 % : 7,2–20,8) chez les femmes, 25,9 % (IC95 % : 9,4–42,5) chez les hommes). Le RV+ était de seulement 1,1 chez les femmes et 1,2 chez les hommes. Chez les hommes, le diagnostic de SS était porté chez 9/11 (81,8 %) patients avec un DS1,5mL/15min contre 7/27 (25,9 %) avec un DS>1,5mL/15min (p=0,029). Chez les femmes, la confirmation du SS ne différait pas entre patientes avec un DS1,5mL/15min (32/56, 57,1 %) et avec un DS>1,5mL/15min (47/100, 47 %) (p=0,22). Le RV+ du diagnostic de SS en cas de DS1,5mL/15min est de 6,2 chez les hommes contre seulement 1,3 chez les femmes.

Discussion

Dans notre étude, la perception de sécheresse buccale est semblable entre hommes et femmes avec des débits salivaires comparables. Dans les deux sexes, la Se de la sécheresse subjective est élevée. En revanche, la Sp médiocre souligne l’importance du débit salivaire pour objectiver le syndrome sec. L’importante discordance entre syndrome sec subjectif et objectif interroge sur l’existence de déficits salivaires qualitatifs, comme pour le film lacrymal. En 2007, Alliende et al. observaient une diminution du taux salivaire de mucine Muc5b sulfatée (aux propriétés visco-élastiques) chez des patients atteints de SS sans déficit salivaire quantitatif, ce qui pourrait participer à la sensation de bouche sèche sans diminution du DS [3]. L’apport de la xérostomie objective au diagnostic de SS est plus important chez les hommes. La sécheresse liée à la ménopause pourrait expliquer la moindre spécificité dans la population féminine. Enfin, 54/95 (56,8 %) patients avec un SS avaient un DS>1,5ml/15min, ce qui interroge sur l’intérêt d’un seuil plus élevé, moins restrictif.

Conclusion

La plainte de sécheresse buccale est mal corrélée au résultat du DS dans les 2 sexes. Toutefois, l’apport diagnostic d’une xérostomie objective au SS est plus faible chez les femmes. En raison du faible pourcentage de débit anormal, y compris chez les patients présentant un SS, nous nous interrogeons sur la pertinence du seuil de 1,5ml/15min et sur l’intérêt d’un test salivaire qualitatif accessible.

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