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Réponse aux immunoglobulines polyvalentes au cours du PTI en fonction de la présence ou non d’anticorps anti-GPIb/IX : une étude rétrospective, multicentrique - 28/11/18

Doi : 10.1016/j.revmed.2018.10.281 
T. Rogier 1, , G. Mourey 2, N. Magy-Bertrand 3, J.B. Picque 4, C. Mausservey 5, A. Imbach 2, L. Voillat 6, D. Caillot 7, E. Deconinck 8, B. Bonnotte 1, S. Audia 1
1 Médecine interne et immunologie clinique, CHRU de Dijon Bourgogne, Dijon 
2 Laboratoire d’hémostase, établissement français du sang, Besançon 
3 Médecine interne, CHU de Besançon, Besançon 
4 Médecine interne, centre hospitalier d’Auxerre, Auxerre 
5 Médecine interne, centre hospitalier Chalon-sur-Saône William-Morey, Chalon-sur-Saône 
6 Hématologie, centre hospitalier Chalon-sur-Saône William-Morey, Chalon-sur-Saône 
7 Hématologie, CHRU de Dijon Bourgogne, Dijon 
8 Hématologie, CHU de Besançon, Besançon 

Auteur correspondant.

Résumé

Introduction

Les mécanismes impliqués dans l’homéostasie plaquettaire ont évolué avec la mise en évidence d’une destruction des plaquettes sénescentes désialylées par les hépatocytes, via leur reconnaissance par le récepteur Ashwell-Morell, ce qui stimule la production hépatocytaire de thrombopoïétine, facteur de croissance principal des mégacaryocytes. De façon intéressante, ce mécanisme pourrait être impliqué au cours de la thrombopénie immunologique (PTI), les anticorps anti-glycoprotéine (GP)Ib/IX entraînant une désialylation des plaquettes, favorisant ainsi leur destruction selon un mécanisme indépendant des récepteurs au fragment Fc des immunoglobulines (FcγR), contrairement à ce qui observé avec les anticorps anti-GPIIb/IIIa. Ainsi, ce mécanisme physiopathologique original pourrait expliquer l’absence de réponse à certaines thérapeutiques au cours du PTI, immunoglobulines polyvalentes intraveineuses (IgIV) notamment. En effet, 10–20 % des patients atteints de PTI ne répondent pas aux IgIV, et aucun facteur prédictif de réponse n’a été clairement établi.

Objectifs

L’objectif principal de cette étude était de déterminer si la présence d’anticorps anti-GPIb/IX était associée à une moindre réponse aux IgIV. L’objectif secondaire était de mettre en évidence des facteurs prédictifs de réponse aux IgIV.

Patients et méthodes

Nous avons mené une étude rétrospective multicentrique au sein des hôpitaux de Dijon, Besançon, Chalon-sur-Saône et Auxerre. Tous les patients ayant eu une recherche d’anticorps antiplaquettes réalisée par l’établissement français du sang de Besançon entre le 1/01/2013 et le 31/10/2017 ont été identifiés, et ceux de plus de 16 ans, atteints de PTI et traités par IgIV ont été inclus. Le critère de jugement principal était la proportion de réponse aux IgIV en fonction de la présence ou non d’un auto-anticorps anti-GPIb/IX. La réponse était définie par un taux de plaquettes>30G/L avec au moins un doublement du taux de plaquettes initial (j1) au cours de la première semaine. Le critère de jugement secondaire était la mise en évidence des facteurs prédictifs de réponse aux IgIV.

Résultats

Sur 805 patients identifiés, 71 ont été inclus, dont 17 avaient des anticorps anti-GPIb/IX (anti-GPIb/IX+) et ont été comparés aux 54 sans (anti-GPIb/IX−). Le sexe ratio, l’âge au diagnostic et à l’initiation du traitement, la proportion de PTI primitif et l’utilisation concomitante decorticoïdes avec les IgIV étaient similaires entre les 2 groupes. La proportion de PTI nouvellement diagnostiqués était plus importante dans le groupe anti-GPIb/IX+ (82,4 % vs 57,4 %, p=0,04). Le taux de réponse aux IgIV était similaire, avec 88,2 % de répondeurs dans le groupe GPIb/IX+ et 70,4 % dans le groupe anti-GPIb/IX−, soit un odds ratio (OR) à 3,12 [0,61–31,23], p=0,20.

L’analyse univariée sur le critère de jugement secondaire révélait que la présence d’anticorps anti-GPIIb/IIIa était un facteur de bonne réponse (OR=4,23[1,23–14,55], p=0,02). L’analyse multivariée a été réalisée avec les variables ayant un p<0,2 en analyse univariée : le sexe (p=0,06), l’âge50 ans lors du traitement par IgIV (p=0,08), le caractère primitif ou non du PTI (p=0,13), le stade du PTI (p=0,17) et la présence d’anti-GPIIb/IIIa. Les facteurs de bonne réponse étaient le stade nouvellement diagnostiqué du PTI (OR=5,68[1,22–26,42], p=0,027) et la présence d’anticorps anti-GPIIb/IIIa (OR=5,52[1,27–23,96], p=0,023). À l’inverse, le caractère secondaire du PTI était associé à une non réponse aux IgIV (OR=0,1[0,02–0,52], p=0,006).

Conclusion

Bien que les études chez la souris soient en faveur de mécanismes de destruction plaquettaire différents selon la spécificité antigénique des anticorps antiplaquettes, ceci ne semble pas avoir d’implication thérapeutique significative chez l’homme, notamment concernant l’efficacité des IgIV. Nos résultats traduisent probablement l’intrication de mécanismes de destruction plaquettaire à la fois dépendant et indépendant des FcγR chez un même patient, puisque les anticorps anti-GPIb/IX sont fréquemment associés aux anticorps anti-GPIIb/IIIa et exceptionnellement isolés (1 seul patient de notre série, non répondeur). Une étude de la réponse aux IgIV chez les patients ayant des anti-GPIb/IX isolés et/ou en fonction du niveau de sialylation plaquettaire permettrait de déterminer si ce mécanisme de destruction plaquettaire a un retentissement sur l’efficacité thérapeutique en pratique clinique.

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Vol 39 - N° S2

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