Performance d’un système portable de mesure de l’INR dans le syndrome des anticorps antiphospholipides : une étude pilote de faisabilité - 28/11/18
Résumé |
Introduction |
Le syndrome des anticorps antiphospholipides (SAPL) thrombotique nécessite un traitement anticoagulant prolongé voire indéfini. Malgré l’utilisation croissante des anticoagulants oraux directs dans diverses pathologies thrombotiques, ceux-ci sont associés à un excès de risque thromboembolique au cours du SAPL. Les traitements par antivitamine K nécessitent une adaptation posologique en fonction de l’International Normalized Ratio (INR). Les systèmes de mesure du taux de prothrombine portable se sont développés ces dernières années et ont montré leur fiabilité, notamment chez les porteurs de valves prothétiques mécaniques cardiaques et chez les enfants, 2 situations où ils sont désormais utilisés et remboursés par l’Assurance Maladie. À ce jour, le SAPL constitue une contre-indication à l’utilisation de ces systèmes portables en l’absence de données fiables.
L’objectif du travail était de déterminer dans une étude pilote si un appareil portable de mesure de l’INR était performant pour déterminer de façon fiable l’INR chez les patients ayant un SAPL et traités par antivitamine K.
Patients et méthodes |
Les patients ont été recrutés entre mars 2018 et août 2018. Les critères d’inclusion étaient :.
– un SAPL (primaire ou associé à un lupus systémique) défini selon les critères internationaux de classification de 2006 ;
– un traitement par antivitamine K depuis plus de 72heures ;
– un âge supérieur à 18 ans.
Les patients étaient exclus s’ils avaient reçu une héparine ou un anticoagulant oral direct dans les 5jours précédents ou en cas de grossesse. L’INR était mesuré au laboratoire dans le cadre du soin courant, et de façon concomitante sur l’appareil portable de mesure de l’INR. Le critère principal de jugement était le pourcentage de patients classés correctement comparativement à l’INR du laboratoire. Les patients étaient considérés comme correctement classés si leur INR était dans le même intervalle thérapeutique que celui du laboratoire, c’est à dire sous dosage si l’INR était inférieur à 2, surdosage s’il était supérieur à 3, ou correct si situé entre 2 et 3. Les données recueillies étaient celles du dossier médical, au diagnostic et au moment de la mesure, après accord des patients. Il était précisé aux patients de ne pas tenir compte de la valeur de l’INR sur l’appareil portable pour adapter leur traitement.
Résultats |
Parmi les 35 patients à qui il a été proposé de participer à l’étude, 2 n’ont pas été inclus (1 car il ne remplissait pas les critères de SAPL, et l’autre car le traitement par antivitamine K avait été débuté depuis mois de 72heures). Au total, 33 patients ont été analysés : 7 hommes et 26 femmes, d’âge médian à l’inclusion de 42 ans (de 18 à 75 ans). Dans la population incluse, un évènement thrombotique veineux était survenu chez 25 patients (75 %), et artériel chez 10 (30 %). Une patiente avait présenté un évènement obstétrical en plus de thromboses artérielles et veineuses multiples. Dix-sept patients (52 %) avaient un SAPL primaire, et 16 (48 %) un lupus systémique associé. L’INR médian au laboratoire était de 2,07 (1,06–5,44). L’INR médian sur appareil portable était de 2,3 (1–6). Il existait une corrélation significative entre l’INR portable et celui du laboratoire (r=0,9542, p<0,0001)
Vingt-trois patients (70 %) étaient correctement classés par l’appareil d’auto mesure. Parmi eux, 10 avaient un INR entre 2 et 3 ; 9 avaient un INR<2, et 4 avaient un INR>3. L’écart médian d’INR entre la mesure portable et le laboratoire était de 0,31 (0,03–1,93). Dix patients (30 %) étaient incorrectement classés par l’appareil d’auto mesure, avec un écart moyen de 0,48 (0,2–0,96). Les patients incorrectement classés avaient plus fréquemment, mais de façon non significative, un fibrinogène augmenté (55 % versus 18 %, p=0,07), et plus souvent un SAPL primitif (78 % versus 33 %, p=0,057). Il n’y avait pas d’influence du profil d’anticorps antiphospholipides sur le classement correct ou non.
Conclusion |
La mesure de l’INR par un appareil portable permet de classer correctement l’INR dans 70 % des cas chez les patients ayant un SAPL et traités par antivitamine K. Ces données pilotes devront être confirmées dans une population plus importante et par l’obtention de données longitudinales chez ces patients pour évaluer la variabilité intra-individuelle.
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Vol 39 - N° S2
P. A50 - décembre 2018 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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