Expérience du CHU de Libreville de grossesses au cours de maladies auto-immunes - 28/11/18
Résumé |
Introduction |
Les maladies auto-immunes (MAI) sont un groupe d’affections hétérogènes responsables de manifestations cliniques polymorphes, dont l’expression est favorisée par des facteurs environnementaux divers dont les œstrogènes, expliquant la prédominance féminine reconnue à ce groupe. La coexistence avec une grossesse ; est rendue difficile du fait de l’activation de la MAI par la grossesse, et de complications gestationnelles favorisées par la maladie auto-immune. En Afrique subsaharienne, rares sont les études portant sur grossesse et maladies auto-immunes. Nous en rapportons l’expérience du service de Médecine interne du CHU de Libreville.
Patients et méthodes |
Étude rétrospective du 01/01/2008 au 31/12/2011, prospective du 01/01/2012 au 31/08/2018, descriptive et analytique, réalisée dans le service de Médecine interne du Centre hospitalier universitaire de Libreville, et prenant pour support les dossiers de patients connus pour maladie auto-immune, régulièrement suivis dans ledit service, ayant dans les années suivant le diagnostic de MAI, eu une gestation allant ou non à son terme. Les patientes bénéficiaient concomitamment d’un suivi d’obstétrique et de médecine interne. Les items de l’étude précisaient : les données épidémiologiques, le type de MAI ; les données du diagnostic, les thérapeutiques utilisées, le degré de contrôle, et le délai entre la date de diagnostic de la MAI et l’obtention d’une ou des grossesses. Le nombre de fœtus, les complications obstétricales de la ou des grossesses, le terme effectif et la voie d’accouchement, le sexe fœtal, et l’APGAR étaient précisés puis analysées.
Résultats |
Les MAI se répartissaient en : lupus (n=16), maladie de Gougerot-Sjögren (n=3), myopathie inflammatoire (n=2), polyarthrite rhumatoïde (n=1), Syndrome primitif des antiphospholipides (n=1), et maladie de Still (n=1). L’âge moyen de diagnostic de la MAI était de 26, 6 ans. Vingt-quatre patientes cumulaient 32 grossesses ; dont une grossesse gémellaire, avec seulement 5 grossesses planifiées. Le délai diagnostic moyen pour l’obtention d’une première grossesse (n=24) était de 3,3 ans, 3,3 ans, et de 5 ans (n=2) pour la troisième. La MAI était contrôlée depuis au moins 2 ans (n=23) sauf dans un cas de SAPL. La corticothérapie était la base du traitement : isolé (n=2) ou associé à : azathioprine (n=2), hydroxychloroquine (n=18), hydroxychloroquine+azathioprine (n=5), hydroxychloroquine+azathioprine+acide acétyl salicylique (n=2), azathioprine+acide acétyl salicylique (n=3), hydroxychloroquine+acide acétyl salicylique (n=1), et acide acétyl salicylique+antivitamineK (n=1). Les complications gestationnelles comportaient : 2 fausses couches spontanées dans le premier trimestre (n=1), 2 morts in utéro, un décès périnatal à j12, 2 éclampsies dont une compliquée d’une embolie pulmonaire sur première grossesse. Le terme moyen de l’accouchement était de 37 semaines d’aménorrhée (SA), avec majoritairement un terme supérieur à 35 SA (n=18) qu’inférieur à 35 SA (n=9), Un retard de croissance intra utérin existait dans 10 cas, et une prématurité dans 17 cas. L’accouchement se faisait par césarienne (n=11), ou voie basse (n=16). Le poids moyen fœtal était de 2353, 3 grammes, l’APGAR était normal sauf dans un cas d’affection néo-natale se compliquant de décès. Le sex-ratio était de 11 nouveaux-nés de sexe masculin pour 17 féminins.
Conclusion |
Les possibilités de grossesse existent au cours des MAI, mais en impose préalablement un contrôle optimal. En Afrique noire, cette possibilité est peu explorée et se heurte encore aux limites financières, et aux conceptions mystico-réligieuses, ne donnant pas toujours une chance pour une gestation. Cette expérience sur une courte série, de gestation avec fœtus viables sur MAI demeure de ce fait encourageant, et mérite de ce fait d’être poursuivie.
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Vol 39 - N° S2
P. A91 - décembre 2018 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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