Spectre des mastites chroniques en Médecine Interne : série rétrospective collaborative avec un service de Sénologie - 28/11/18
Résumé |
Introduction |
La mastite non puerpérale est une inflammation du sein en dehors de la période de lactation. On distingue les mastites inflammatoires infectieuses et non infectieuses. Parmi les mastites non infectieuses, une entité rare est la mastite granulomateuse. Du fait de son association connue avec certaines maladies inflammatoires ou infectieuses, la mastite peut être un motif de consultation en médecine interne. Nous rapportons une série de mastites inflammatoires adressées par le service de sénologie à notre consultation.
Patients et méthodes |
Il s’agit d’une étude rétrospective colligeant 20 cas de mastites inflammatoires dans un service de médecine interne sur une période de 11 ans. Toutes les patientes ont été prises en charge par un service de sénologie avant la consultation ayant réalisé une échographie et mammographie systématiques.
Résultats |
Onze cas de mastites granulomateuses ont été identifiés dont 7 mastites granulomateuses idiopathiques, 2 granulomatoses avec polyangéite, 1 maladie auto-immune mal étiquetée (polychondrite atrophiante ou vascularite à ANCA), 1 mastite granulomateuse associée à une pneumopathie micro nodulaire, 4 cas d’abcès récidivants, 1 cas d’abcès aigu amicrobien, 4 cas d’hidrosadénite suppurée avec localisation mammaire.
L’âge moyen était de 43 ans au moment de la consultation et l’âge médian au début des poussées de 38 ans [21–78 ans]. Toutes étaient caucasiennes. Un tabagisme actif était retrouvé chez la moitié des patientes. Au total 3/4 des patientes ont mené une grossesse à terme. Six patientes (30 %) étaient ménopausées. Sept (35 %) avaient une contraception orale (progestatif pour 6). Une seule patiente avait un antécédent local de chirurgie de réduction mammaire. Huit patientes (40 %) avaient un antécédent familial de cancer du sein ou ovarien au premier et deuxième degré. La présentation clinique était une tuméfaction douloureuse pour 18 d’entre elles (90 %) parfois abcédée (12) plus ou moins fistulisée à la peau. La moitié des patientes présentaient des signes associés. Les anticorps antinucléaires étaient positifs dans 11 cas mais sans spécificité. Une patiente avait des ANCA positifs au 1/80 type anti-MPO, 2 patientes des ANCA positifs au 1/40 type anti-PR3 et une patiente des ANCA au 1/320 sans spécificité. Sur les 16 patientes ayant eu un dosage de la prolactine, 3 avaient une hyperprolactinémie (moyenne 104ng/ml). L’épisode en cours était documenté bactériologiquement 12 fois. Dans un cas, la culture de pus par aspiration a mis en évidence une Corynebacterium sp. Les autres germes retrouvés étaient principalement des staphylocoques aureus ou coagulase négative, Streptococcus anginosus, Proteus mirabilis, Prevotella bivia, Sphingomonas paucimobili et Actinomyces turicensis. Les 3/4 des patientes ont eu une biopsie de sein. L’histologie était compatible avec une mastite granulomateuse pour 10 patientes. Pour les 3/4 des patientes, une antibiothérapie de plusieurs semaines avait été administrée avant notre consultation. Une abstention thérapeutique était proposée pour 6 patientes devant l’évolution favorable mais 2 ont récidivé du côté homolatéral et ont été traitées par colchicine, amoxicilline, avec une corticothérapie pour l’une des 2. Un traitement par colchicine seule a été initié pour 6 patientes mais la moitié a récidivé du côté homolatéral nécessitant la reprise de la colchicine, une antibiothérapie, associée à une corticothérapie pour 2 d’entre elles. Cinq patientes ont été traitées par une antibiothérapie seule mais 3 récidiveront traitées par colchicine et doxycycline pour 2 d’entre elles et amoxicilline seule pour l’autre. Une patiente a reçu colchicine et doxycycline sans récidive. Une patiente a été traitée par colchicine, corticoïdes et amoxicilline avec récidive traitée par corticoïdes et dalacine. Une patiente ayant bénéficié d’une tumorectomie a été traitée par corticoïdes seuls après diagnostic de granulomatose avec polyangéite localisée sans récidive.
Conclusion |
Les étiologies de mastite inflammatoire doivent être connues de l’interniste et sont parfois le mode d’entrée dans une maladie systémique. Un terrain auto-immun est fréquent dans ces pathologies mais sans réelle spécificité. La mise en culture des prélèvements ne doit pas être négligée notamment la recherche de germes difficiles à mettre culture (corynebactéries, mycobactéries) et nécessitant parfois des milieux spéciaux. L’antibiothérapie seule même adaptée n’est pas toujours suffisante et l’adjonction de colchicine voir de corticoïdes semble efficace. Comparée aux autres études, notre série montre une proportion non négligeable d’hidrosadénites suppuratives sous-jacentes.
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Vol 39 - N° S2
P. A93-A94 - décembre 2018 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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