La fièvre méditerranéenne familiale et l’amylose AA s’accompagnent d’une dysbiose : étude transversale sur 60 patients - 28/11/18
Groupe d’étude sur l’amylose AA
Résumé |
Introduction |
La fièvre méditerranéenne familiale (FMF) peut se compliquer d’amylose AA, mais la raison pour laquelle uniquement certains patients vont développer cette complication grave n’est à ce jour pas totalement élucidée. Il existe cependant des arguments épidémiologiques et expérimentaux en faveur de l’implication de facteurs environnementaux, et notamment du micro biote intestinal. Notre objectif était d’évaluer la composition du microbiote intestinal et ses corrélations avec des marqueurs inflammatoires dans la FMF compliquée ou non d’amylose AA.
Matériels et méthodes |
Le microbiote intestinal a été étudié à partir d’un prélèvement de selles par le séquençage du gène de l’acide ribonucléique 16S sur une plate-forme Illumina MiSeq. Les patients inclus étaient : atteints de FMF sans amylose AA (n=34), atteints d’amylose AA secondaire à une FMF (n=7), atteints d’amylose AA secondaire à une autre cause que la FMF (n=19) et comparés à des témoins sains (n=26). Les associations entre les taxa bactériens et les données cliniques et paracliniques étaient évaluées à l’aide de la méthode statistique d’association multivariée avec modèles linéaires (MaAsLin). Des dosages sériques de bio marqueurs d’inflammation étaient effectués : les interleukines (IL), 1β-6, le Tumor Necrosis Factor-α et des adipokines (leptine, adiponectine) étaient dosés par méthode immunoenzymatique ; l’activité indoléamine 2,3-dioxygénase (IDO) était mesurée via le rapport kynurénine sur tryptophane, dosés tous deux par chromatographie liquide à haute performance.
Résultats |
Les patients atteints de FMF sans amylose AA étaient majoritairement porteurs d’une mutation non ambiguë de MEFV à l’état homozygote ou hétérozygote composite (91 %), tous recevaient de la colchicine quotidiennement et 2 étaient également traités par biothérapie anti-IL-1. Les patients atteints de FMF compliquée d’amylose AA secondaire étaient tous homozygotes pour une mutation non ambiguë de MEFV (M694V/M694V, n=6, ou M680I/M680I, n=1). Les causes d’amylose AA chez les 19 patients sans FMF étaient respectivement : une autre maladie génétique rare (n=4), un rhumatisme inflammatoire (n=4), une obésité (n=3), une cause inconnue à ce jour (n=4) et à des causes diverses (maladie de Crohn, séropositivité VIH, maladie de Waldenström, syndrome de Schnitzler, n=1 chacun).
Une dysbiose était observée d’une part chez les patients atteints de FMF sans amylose et d’autre part chez les patients avec amylose AA quelle que soit la cause, en comparaison à des témoins sains. Cette dysbiose était caractérisée par une diminution de la diversité α et une altération significative de la composition du microbiote intestinal. Dans chaque groupe, les bactéries appartenaient majoritairement aux phyla Firmicutes, Bacteroidetes, Proteobacteria et Actinobacteria.
Parmi les patients atteints de FMF, chez ceux présentant une amylose AA, il a été observé q’une sur représentation de 2 unités opérationnelles taxonomiques appartenant à l’ordre des Clostridiales, et à une concentration sérique d’adiponectine et d’activité IDO significativement plus élevées (p<0,05).
Conclusion |
La présence d’une dysbiose chez les patients atteints de FMF ou d’amylose AA suggère un lien fonctionnel entre le microbiote intestinal et ces pathologies, et ouvre la possibilité de recourir à des techniques de manipulation du microbiote intestinal.
Par ailleurs, les taux sériques d’adiponectine et d’activité IDO pourraient être utilisés en tant que bio marqueur diagnostique dans l’amylose AA.
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Vol 39 - N° S2
P. A97-A98 - décembre 2018 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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