Les données épidémiologiques du psoriasis sont issues d’enquêtes ou de cohortes non exhaustives. Aucune étude épidémiologique n’est disponible en France à l’échelle nationale. Nos objectifs étaient de : (1) estimer la prévalence des patients traités pour un psoriasis en France ; (2) identifier et caractériser les patients recevant des traitements systémiques.

Sélection entre 01/2008 et 12/2016, à partir des données d’assurance maladie (SNDS), de tous les patients présentant un psoriasis traité défini par la délivrance de 2 traitements topiques à base de vitamine D sur une période de 2 ans. Etaient inclus tous les patients nouveaux utilisateurs d’un traitement conventionnel (intervalle libre [IL] de 2 ans sans aucun systémique ; méthotrexate [MTX], ciclosporine [CICLO], acitrétine [ACI]) et d’un biologique (IL 2 ans sans biologique ; adalimumab [ADA], étanercept [ETA], infliximab [IFX], ustékinumab [USK]). Les maladies associées (rhumatisme psoriasis [RhumPso], maladies inflammatoires digestives [MICI]) et les co-morbidités étaient analysées à partir des données d’hospitalisation, de consommation médicamenteuse et d’ALD.

L’algorithme a sélectionné, 874 549 patients psoriasiques répondant aux critères d’inclusion, d’âge moyen de 53,8 ans (±17) ; 52,4 % d’hommes. La prévalence était estimée à 1,33 % (IC95 % 1,32–1,33). Près de 13 % (112 969) des patients ont reçu au moins un traitement systémique. Les comorbidités étaient décrites chez les 81 722 nouveaux utilisateurs de traitements systémiques et détaillés par molécules dans le tableau (MTX=27 761, CICLO=2191, ACI n=43 216, ADA=6493, ETA=5524, IFX=2023, USK=2505). L’association à un rhumatisme psoriasique était plus fréquente dans le groupe des traitements biologiques vs autres systémiques (33,6 % vs 7,4 %, p<10⁻⁴), de même que l’association à une MICI (5,7 % vs 0,6 %, p<10⁻⁴). La proportion de comorbidités cardio-vasculaires traitées (HTA 30 %, diabète 10 %, dyslipidémie 21 %, évènements cardiaques sévères 4 %) ne différait pas selon les 2 groupes de traitements. Parmi les patients du groupe biologique, 4555 (27,5 %) n’avaient reçu aucun traitement conventionnel dans les 2 ans précédant la prescription de biologique. Un traitement associé au biologique concernait 2632 (16 %) patients (méthotrexate pour 94,5 %).

Il s’agit de la 1^re enquête épidémiologique concernant les patients psoriasiques en vie réelle à l’échelle nationale. La prévalence (estimée à 1,3 %) était possiblement sous-estimée compte tenu de l’absence de code « maladie » dans les données SNDS. Plus de la moitié des instaurations de traitement systémique concernait l’acitrétine, médicament dont l’efficacité dans le psoriasis est modeste.

Cette étude en vie réelle fournit une « image » non biaisée des caractéristiques des patients traités en France pour psoriasis et utilisant un traitement systémique conventionnel ou biologique.