Implications de Human Papillomavirus (HPV) 16 dans la physiopathologie des formes non érosives de lichen plan - 15/01/19
Résumé |
Introduction |
Des études épidémiologiques ont montré un lien entre infection par HPV16 et survenue d’un lichen plan (LP) érosif (LPE). L’existence de lymphocytes T (LT) CD8+ clonaux spécifiques du peptide immunodominant d’HPV16 a été montrée en périphérie et au site lésionnel dans cette forme de LP. Nous avons souhaité tester cette même hypothèse dans les formes non érosives de LP (LPNE), et dans une dermatose proche affectant aussi les muqueuses génitales, le lichen scléro-atrophique (LSA).
Patients et méthodes |
Après consentement éclairé, 20 patients ont été inclus : 10 avec LPNE, 10 avec LSA, avec recueil sang, sérum, brossage et biopsie des lésions. Les témoins étaient des donneurs de sang. Les études de cytométrie de flux se faisaient sur sang total. La recherche d’HPV16 se faisait par PCR à partir de l’ADN des brossages et indirectement en sérologie (Ac anti-L1 et anti-E6). Les études de répertoire s’effectuaient à partir de l’ARN des LT CD8+ triés, par PCR, spectratyping, clonage et séquençage.
Résultats |
Une augmentation significative de l’expression de granzyme, perforine et CD107a par les LT CD8+ périphériques était trouvée dans le LPNE et le LSA, par rapport aux témoins. Dans le LPNE, le répertoire de ces LT CD8+ était clonal avec usage préférentiel du réarrangement Vb3-Jb2.7 (50 %), avec un motif consensuel de 4 acides aminés sur les 8 qui composaient le CDR3b. Dans le LSA, le répertoire des CD8+ était également clonal mais utilisait préférentiellement Vb6, avec des clonotypes différents. L’ADN d’HPV16 n’était jamais trouvé dans les lésions des deux dermatoses. Des Ac anti-L1 étaient trouvés chez 9/10 LPNE et 7/10 LSA et des Ac anti-E6 chez 3/10 LPNE et chez aucun LSA. Une population CD8+ Vb3+ E711–20 était identifiée en périphérie chez les LPNE HLA-A2+. Les études in situ sont en cours.
Discussion |
Nos résultats montrent une très forte expression des marqueurs de cytotoxicité par les LT CD8+ périphériques dans le LPNE et le LSA, proche de ce qui s’observe dans les infections virales chroniques (VIH par exemple). Si un très grand nombre des LPNE et LSA a été en contact avec HPV16 (sérologie HPV16 L1 positive), l’intégration du virus dans le génome n’a été observée que chez les patients atteints de LPNE. Les biais de répertoire des LT CD8+ dans le LPNE sont strictement superposables à ceux identifiés dans le LPE, retrouvant le même réarrangement Vb3-Jb2.7 et des séquences communes du CDR3. Cette utilisation du Vb3, associée à la réactivité contre HPV16, n’est pas retrouvée dans le LSA mais le caractère clonal observé dans cette pathologie suggère aussi une étiologie virale, qui ne serait pas HPV16.
Conclusion |
L’implication physiopathologique d’HPV16 n’est pas restreinte à la forme érosive du LP et se retrouve aussi dans les formes non érosives de LP, ouvrant ainsi des perspectives thérapeutiques dans le LP, comme la vaccination thérapeutique contre HPV16 ou une immunothérapie ciblée anti-CD8-Vb3.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Mots clés : Human papillomavirus, Lichen plan, Lichen scléro-atrophique
Plan
Vol 145 - N° 12S
P. S125 - décembre 2018 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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