Les accidents de décompression (ADD) cutanés sont rares, souvent considérés comme bénins et négligés par les plongeurs de loisirs. Nous rapportons le cas d’une patiente qui a présenté un ADD cutané révélant un foramen ovale perméable (FOP) et un accident vasculaire cérébral (AVC).

Une femme de 42 ans consultait pour des lésions cutanées prurigineuses évoluant depuis 2011, survenant exclusivement après des plongées sous-marines en scaphandre, constituées de plaques érythémateuses pseudo-urticariennes des flancs, des fesses, du dos, des membres supérieurs, de résolution spontanée en quelques heures, sans trouble digestif, et répondant partiellement aux antihistaminiques pris avant les plongées. Elle décrivait par ailleurs un dermographisme avec sa ceinture de sécurité, sans autre antécédent sauf un épisode de malaise avec marbrures des flancs en 2013, sans anomalie trouvée aux différentes explorations. Le bilan biologique (NFS, TSH, anticorps antithyroïdiens, antinucléaires) était normal. Les tests de provocation des urticaires inductibles (dermographisme, urticaire retardée à la pression, etc.) et les prick-tests avec sa combinaison étaient négatifs, de même que la recherche d’IgE anti-omega-5-gliadine et d’anomalie de la tryptase. Devant une suspicion d’ADD cutané, l’échographie cardiaque par voie transœsophagienne révélait la présence d’un FOP avec anévrisme du septum interauriculaire. L’IRM cérébrale mettait en évidence une séquelle hémorragique cérébelleuse gauche (Annexe A).

Les ADD sont liés aux bulles d’azote relargué à la remontée, responsables de phénomènes ischémiques tissulaires et d’une dysfonction endothéliale. Selon leur topographie, surviennent des accidents neurologiques, médullaires, articulaires ou pulmonaires avec des degrés de sévérité variables. Les ADD cutanés sont classés comme bénins. Leur physiopathologie est mal comprise : formation de bulles in situ ou phénomène embolique artériel par passage de bulle via un shunt droit-gauche. Une association forte entre l’antécédent d’ADD cutané et la présence d’un shunt a été mise en évidence. Ce nouveau cas illustre la découverte d’un shunt droit-gauche et d’un AVC à la suite de manifestations cutanées liées à la décompression lors d’activités de plongée. Le retard au diagnostic et la négligence des symptômes cutanés par les plongeurs soulignent le fait que les ADD cutanés doivent être mieux enseignés et davantage rapportés. La réponse partielle aux antihistaminiques préventifs n’est pas décrite dans la littérature, mais elle pourrait dangereusement masquer les signes cutanés d’ADD.

La découverte d’un ADD cutané doit faire rechercher un shunt droit-gauche et il est légitime de réaliser une IRM cérébrale en cas de malaise.