Les taxanes ont une large utilisation clinique dans de nombreux cancers. Leurs effets indésirables comprennent myélosuppression, toxicité cutanée, neurotoxicité, rétention d’eau, alopécie, arthralgies et myalgies. La toxicité cutanée peut varier d’une éruption cutanée légère à une complication potentiellement mortelle. La véritable incidence n’a pas été estimée. Dans notre étude, nous analysons la toxicité cutané chez les patients qui ont reçu les taxanes.

Une étude prospective de 2 ans a inclus 180 cas traités par taxanes, dont 125 référés par le département d’oncologie pour toxicité cutanée.

La toxicité des taxanes a été démontrée dans 70 % des cas. La toxicité est notée après la quatrième cure, et augmente avec le nombre de cycles. La réaction la plus fréquente est le syndrome mains pieds, suivi par la photosensiblité et l’hyperpigmentation faciale. D’autres réactions ont été notées, incluant éruptions acnéiformes (papulo-pustuleuses), xérose, nécrolyse épidermique toxique, extravasation et lupus induit. La sévérité des réactions a augmenté avec le traitement ultérieur au docétaxel chez près de 80 % des patients ayant eu des cycles répétés. Les facteurs significativement associés à toutes les catégories de toxicité sont l’hypoalbuminémie, la chimiothérapie combinée et l’âge supérieur à 60 ans. Le taux de perfusions et le pic de concentration sérique n’ont pas été associés à la sévérité des réactions cutanées. Tous les patients ont bénéficié d’une formation sur les mesures de prévention.

Les taxanes sont parmi les médicaments anticancéreux les plus couramment prescrits. Bien que l’incidence réelle des effets indésirables dermatologiques (EI) chez les patients recevant des taxanes ne soit pas connue et n’ait jamais fait l’objet d’une analyse prospective, ils représentent clairement l’un des effets indésirables majeurs associés à ces agents. Avec une augmentation de la survenue d’EI cutanés pendant le traitement avec de nouvelles thérapies ciblées et immunologiques lorsqu’ils sont utilisés en association avec des taxanes, une compréhension approfondie des réactions attribuables à cette classe est impérative. De plus, l’identification et la prise en charge des EI dermatologiques sont essentielles pour maintenir la qualité de vie chez les patients cancéreux et pour minimiser les modifications de dose de leur régime antinéoplasique.

Les réactions cutanées sont très communes avec l’utilisation des taxanes. Cependant, notre étude représente à notre connaissance la première étude épidémiologique des toxicités dermatologiques rapportées avec l’utilisation de ces médicaments. La prévention est utile pour éviter la suspension du traitement, et c’est souvent le seul moyen de traiter certaines réactions.