Les carcinomes basocellulaires (CBC) constituent une part importante de l’activité dermatologique. Le traitement de première intention est la chirurgie. Néanmoins, leur localisation ou les comorbidités du patient peuvent rendre le geste difficile, et conduire à proposer un traitement alternatif par contacthérapie, notamment pour les localisations périoculaires. Nous rapportons l’expérience du centre Léonard-de-Vinci de Dechy.

Entre janvier 2012 et juin 2017, 93 patients ont été traités par contacthérapie pour des CBC périoculaires. L’irradiation était délivrée par un appareil de type X-Strahl utilisant des photons de basse énergie. Les dossiers étaient revus de façon rétrospective, et les patients répondaient à un questionnaire standardisé comportant une évaluation de la récidive et des toxicités tardives, et une auto-évaluation de l’aspect esthétique.

Parmi les 93 lésions traitées, la majorité se situaient sur la paupière inférieure (41/92 : 44,6 %), puis sur le canthus interne (27/92), sur le sourcil (13/92), sur le canthus externe (7/92), et sur la paupière supérieure (5/92). L’âge médian était de 79 ans (49–104). Dans la majorité des cas (79,3 %), était délivrée une dose de 45Gy en 15 fractions de 3Gy, en 2 à 3 séances par semaine. Le suivi médian était de 22 mois (6–62). Le taux de contrôle local à 2 ans était de 96 % (IC95 % [86–100]). Les complications aiguës étaient fréquentes (épidermites), mais peu intenses (59,5 % de grade≤2). Les toxicités tardives étaient de bas grade (0 % de grade≥3). On notait 11,9 % de xérophtalmie et 11,9 % de larmoiements de grade 1. La note moyenne attribuée sur le plan esthétique était de 8,7/10, et 100 % des patients conseillaient ce traitement (Annexe A).

La contacthérapie est une technique d’irradiation en photons de faible voltage, qui consiste en l’application de la source de rayonnement au contact de la lésion à traiter. L’irradiation est très localisée, et permet d’augmenter les doses par fraction, en diminuant le nombre de fractions ce qui limite les déplacements du patient. Les tumeurs éligibles doivent être inférieures à 2cm, peu épaisses et en surface plane. Les données de la littérature concernant le contrôle local sont concordantes avec les résultats de notre série ; Schlienger et al. rapportent pour des tumeurs palpébrales un taux de contrôle local à 5 ans supérieur à 98 %. L’efficacité de la chirurgie dans le contrôle local des CBC du visage reste néanmoins supérieure (99,3 %). Les effets indésirables précoces sont fréquents, mais peu sévères. Le taux de complications tardives est très faible.

La contacthérapie est une alternative de choix pour le traitement des carcinomes cutanés périoculaires d’abord chirurgical difficile. Elle permet d’obtenir un taux de contrôle local élevé, tout en maintenant des résultats fonctionnels et esthétiques excellents.