Le panorama des affections cutanées peut varier d’un pays à l’autre mais aussi d’une région à une autre dans un même pays. Le but de ce travail était d’étudier les dermatoses observées au centre hospitalier régional de Tenkodogo.

Nous avons réalisé une étude rétrospective descriptive du 1^er juin 2015 au 31 mai 2017. Nous avons effectué un échantillonnage exhaustif de tous les patients reçus en consultation dans l’unité de dermatologie-vénérologie du centre hospitalier régional de Tenkodogo. Les patients inclus devaient avoir un dossier clinique comportant les variables sociodémographiques, cliniques et thérapeutiques permettant de renseigner la fiche de collecte établie à cet effet. Le statut sérologique par rapport au VIH ainsi que la pratique de la dépigmentation artificielle étaient également recherchés.

Sur 1568 patients reçus en consultation, nous avons inclus 1550 patients, soit une moyenne de 775 patients par an ; 904 étaient des femmes. Les patients de la tranche d’âge de 30 à 45 ans étaient les plus représentés, avec un âge moyen de 29,5 ans. Les fonctionnaires étaient les plus représentés (21,3 %), suivis des femmes au foyer (20,5 %). Les patients non scolarisés étaient au nombre de 779 (50,2 %). Les dermatoses inflammatoires étaient observées dans 47,1 % des cas, suivies des dermatoses infectieuses (31,4 %), des dermatoses tumorales/génodermatoses (9,9 %) et des dermatoses auto-immunes (4,5 %). Les dermatoses inflammatoires les plus observées étaient l’eczéma de contact (20,5 %), le prurigo (6,5 %) et l’acné (5,6 %). Les dermatoses infectieuses les plus rapportées étaient la dermatophytie de la peau glabre et les folliculites (77 cas chacun), les verrues vulgaires (36) et le pityriasis versicolor (29). Cinq cas de lèpre étaient notifiés. Le recours aux traitements traditionnels était fait par 194 patients. Le traitement alliant un topique à un médicament par voie générale était le plus prescrit, chez 55,6 % des patients. La sérologie VIH était demandée de façon systématique à 101 patients (6,5 %) et 52 étaient séropositifs. Quarante-six patients avaient recours à la dépigmentation volontaire.

Cette étude montre que les dermatoses inflammatoires prennent le pas sur les dermatoses infectieuses même dans une zone semi-urbaine d’un pays en voie de développement, que la proposition de dépistage systématique n’est pas encore une réalité et que la dépigmentation volontaire ne se pratique pas que dans les grandes villes. Bien que le Burkina Faso ait atteint le seuil d’élimination de la lèpre, cette affection devrait bénéficier d’un dépistage actif comme par le passé.

Les stratégies de sensibilisation dans cette région doivent prendre en compte les dermatoses inflammatoires, l’objectif 90-90-90 de l’OMS concernant le VIH sida et la dépigmentation volontaire.