Le but de cet article est de faire mieux connaître les travaux récents d’Arthur Kleinman, professeur de psychiatrie et d’anthropologie médicale à l’université d’Harvard.

L’article présenté ici est une traduction d’un article paru dans le journal The Lancet en 2017. Arthur Kleinman, alors tout juste retraité de son exercice clinique, revient sur son expérience clinique des soins et particulièrement sur l’importance de la notion de « présence » dans les soins.

Il définit cette notion à partir des actes du soin lui-même et en référence aux champs de la sociologie, de l’anthropologie et de la représentation artistique. Il la contextualise ensuite dans le domaine professionnel et dans la sphère intime, familiale ou amicale. Il évoque sa fonction dans le soin de soi-même, altérée lors d’états pathologiques tels que la dépression et potentiellement impliquée positivement dans l’effet placebo et dans la prévention du burn out pour les professionnels de la santé.

Comment redonner sa place au soin et à cette « présence » dans les soins dans un contexte marqué par des impératifs économiques et administratifs et par l’idéologie de la médecine basée sur des preuves ?

L’auteur propose que les qualités humaines des étudiants en médecine et en soins infirmiers soient mieux soutenues et valorisées. Il propose également de travailler à une meilleure évaluation de la qualité des soins, qui s’appuierait notamment sur des méthodes ethnographiques. Il insiste sur le rôle que la profession médicale a à jouer pour défendre ce qui devrait revenir au cœur de son exercice.

The purpose of this article is to make the recent work by Arthur Kleinman, Professor of Psychiatry and Medical Anthropology at Harvard, better known in France.

This article is a translation of an article published in the journal The Lancet in 2017. Arthur Kleinman, then just retired from his clinical practice, tells about his clinical experience of care and particularly about the importance of the notion of “presence” in care.

He defines this notion from the acts constituting care itself, with reference to the fields of sociology, anthropology and artistic representation. He then contextualizes it in the professional and intimate spheres. He also defines this “presence” as having a function in self-care, impaired during pathological states like depression, and potentially positively implicated in the placebo effect, and also in the daily practice of professional caregivers as a protection against burn-out.

How can care and this “presence” in care be reinstated in a context marked by economic and administrative imperatives and the ideology of evidence-based medicine?

The author proposes that the human qualities of medical and nursing students should be better supported and valued. He also suggests the need to work towards a better evaluation of the quality of care, which could in particular be based on ethnographic methods. He stresses the role that the medical profession has to play in defending what should be returned to the heart of its practice.