Les effets du changement du mode de paiement des centres de santé sur les coûts des accouchements au Burkina Faso : une étude avant-après - 04/02/19
Résumé |
Introduction |
Plusieurs pays d’Afrique subsaharienne dont le Burkina Faso ont adopté, ces dernières décennies, des politiques publiques pour réduire les barrières financières à l’accès aux soins de santé. Mais, des études pointent les retards dans les remboursements des centres de santé conduisant à une application imparfaite de ces politiques. En juin 2016, le Burkina Faso a changé le mode de paiement des formations sanitaires. Au lieu d’un remboursement, l’argent est désormais versé en avance aux centres de santé qui le justifient après utilisation. Cette étude a pour but d’évaluer les effets de ce nouveau mode de paiement sur les coûts médicaux directs des accouchements.
Méthodes |
C’est un devis avant-après utilisant des données de deux enquêtes transversales nationales conduites en août 2014 et septembre 2016 respectivement dans 546 et 299 formations sanitaires publiques. L’échantillon de chacune des enquêtes incluait tous les hôpitaux et centres médicaux et un échantillon aléatoire des centres de santé de base. Nous avons apparié les observations selon le centre de santé et le type de prestation. Nous avons utilisé le test des rangs signés de Wilcoxon pour tester l’égalité des distributions des coûts entre 2014 et 2016.
Résultats |
Au total 279 accouchements eutociques, 56 accouchements dystociques et 48 césariennes ont été analysés. Les coûts médicaux directs variaient de 1150 à 116 855 FCFA (Médiane : 3795) en 2014 contre 1825 à 146 385 FCFA (Médiane : 4320) en 2016. Les coûts médians étaient de 2755 [intervalle interquartile (IQ) : 2405–3370], 12 370 (IQ : 8730–17 580) et 57 987 (IQ : 47 656–63 972) FCFA en 2014 contre 3105 (IQ : 2545–3850), 13 377 (IQ : 9825–28 205) et 79 455 (IQ : 64 017–96 300) FCFA respectivement pour les accouchements eutociques, dystociques et la césarienne. Quel que soit le type de prestation, les coûts médicaux directs de 2016 étaient supérieurs à ceux de 2014 (p<0,02). De même, les coûts de 2016 étaient supérieurs aux coûts de 2014 quelle que soit la rubrique (acte, médicaments et consommables, examens paracliniques ou hospitalisation) considérée (p<0,001).
Discussion |
En mettant l’argent en avance à la disposition des centres de santé, le nouveau mode de paiement peut contribuer à un meilleur succès de la politique de gratuité en évitant les ruptures de médicaments et de consommables liées aux retards de remboursement. Mais en levant ce risque, il conduit probablement à des prescriptions médicales moins rationnelles du personnel de santé et ce d’autant plus que cela peut favoriser une bonne santé financière des dépôts pharmaceutiques de leurs centres de santé.
Conclusion |
La pérennisation de ce nouveau mode de paiement nécessite une politique de contrôle des coûts en sensibilisant le personnel de santé pour des prescriptions médicales rationnelles.
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Vol 67 - N° S1
P. S47 - février 2019 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.