La position sociale influence-t-elle le choix du traitement dans la leucémie aiguë myéloïde du sujet âgé ? Une étude longitudinale en Midi-Pyrénées (France) - 04/02/19
Résumé |
Introduction |
Plusieurs études ont mis en évidence une influence de la position socioéconomique (PSE) sur la survie, notamment via le choix du traitement. Pour les hémopathies les données sont plus rares. Des études spécifiques à la leucémie aiguë myéloïde (LAM) ont retrouvé des associations entre le niveau d’éducation et l’accès à la greffe, la catégorie socio-professionnelle et la survie ou encore la PSE du quartier et l’accès à la chimiothérapie et la greffe. Ces données sont néanmoins issues de pays dont le système de santé est différent de la France. L’objectif de notre étude est de tester l’influence de la PSE sur le choix du traitement chez des patients d’au moins 60 ans traités pour une LAM à partir de données françaises, c’est-à-dire dans un contexte de système financé par l’impôt et en présence de dispositifs d’harmonisation de la qualité des soins notamment par les plans cancers.
Méthodes |
À partir d’une base de données représentatives des cas de LAM passés en Réunion de concertation pluridisciplinaire en Midi-Pyrénées, nous avons inclus 697 patients âgés de 60 ans ou plus, traités pour une LAM diagnostiquée entre le 1er janvier 2009 et le 31 décembre 2014 hors sous-type LAM3. Nous avons construit un modèle théorique du raisonnement clinique distinguant l’accès à la chimiothérapie intensive (étape 1) et l’accès à une alternative aux soins de support chez les patients non éligibles à la chimiothérapie intensive (étape 2). Chaque étape a été modélisée indépendamment par des modèles logistiques testant l’effet de la PSE sur le choix du traitement, d’abord seule, puis avec ajustements successifs sur les facteurs de confusion identifiés en analyse bivarié (risque alpha=0,2). La PSE était mesurée par un indicateur écologique de défavorisation, la version française de l’« European Deprivation Index » (EDI), déjà utilisé dans plusieurs études sur les inégalités sociales de survie et prise en charge des cancers.
Résultats |
L’analyse sur données complètes (n=593 (85 % des sujets inclus)) montre qu’à l’étape1, les patients des zones les plus défavorisées avaient une probabilité plus faible d’accéder à la chimiothérapie intensive que ceux vivant dans les zones les plus favorisées. Cette association n’était plus retrouvée après l’ajustement sur le statut à la prise en charge (LAM de novo versus LAM secondaire). Aucune association statistiquement significative entre la PSE et le choix du traitement n’a été retrouvée à l’étape 2 chez les patients non éligibles à la chimiothérapie intensive. Les analyses de sensibilité testant différents codages de l’EDI et après imputation des données manquantes retrouvaient les mêmes résultats.
Discussion |
Aucune influence directe de la PSE des patients n’était retrouvée sur le choix du traitement dans notre population représentative des patients traités en Midi-Pyrénées. Ces résultats pourraient être interprétés comme un témoignage de l’efficacité du réseau régional à dispenser une prise en charge homogène sur le territoire. Néanmoins, ce travail appelle à explorer l’influence de la PSE des patients sur le fait de présenter une LAM de novo ou secondaire.
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Vol 67 - N° S1
P. S55-S56 - février 2019 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.