Une lecture post-colonialiste des inégalités de santé entre France hexagonale et ultramarine. L’exemple des politiques de prévention du chikungunya, de la dengue et du Zika - 04/02/19
Résumé |
Introduction |
Cette communication présente une analyse sociologique comparée des politiques de prévention du chikungunya, de la dengue et du Zika en France hexagonale et ultramarine. Les grilles de lecture proposées mettent l’accent sur les interactions entre santé, environnement urbain et postcolonialisme.
Méthode |
Les terrains d’étude retenus sont le littoral méditerranéen français, les Antilles et La Réunion où ont été réalisées des enquêtes qualitatives et quantitatives. Cette communication s’appuie principalement sur un corpus de données qualitatives réunissant plus d’une centaine d’entretiens semi-directifs (réalisés auprès de populations locales, d’experts et de décideurs) et plus de mille pages de coupures de presse qui ont fait l’objet d’une analyse de contenu et d’un traitement thématique manuel et informatisé (N’Vivo).
Résultats |
Les moustiques vecteurs de ces trois arboviroses sont qualifiés de domestiques dans la mesure où ils colonisent fortement les espaces anthropisés et tout particulièrement les quartiers de logements individuels. Sur le littoral méditerranéen français l’habitat individuel est davantage le fait des classes supérieures et moyennes qui se déclarent particulièrement gênés par la présence de ces moustiques vecteurs. À ce jour, le nombre de cas autochtones (c’est-à-dire contractés dans l’hexagone) demeure néanmoins circonscrit. Dans les Outre-mer, près de 80 % des populations occupent des logements individuels allant de la villa luxueuse au taudis. Les épidémies de dengue, de chikungunya et/ou de Zika, en nombre croissant depuis les années 1990/2000, ont touché des milliers de personnes dans les Antilles et à La Réunion où les taux de prévalence sont invariablement plus élevés parmi les habitants les plus vulnérables socialement.
Face à la récente émergence de risques vectoriels en France hexagonale, la puissance publique a fait preuve depuis le début des années 2000 d’une grande réactivité. Face à l’intrusion de “miasmes” venus du Sud, l’hexagone s’investit et se protège. Dans les territoires français ultramarins, ces arboviroses font en revanche partie du quotidien des populations locales. Au plus fort des épidémies les plus graves, ces territoires ont fait l’objet de voyages ministériels compassionnels, d’envois de “renforts sanitaires”, mais les causes des causes demeurent occultées : le mal-développement de territoires marqués par des inégalités sociales, ethno-phénotypiques et spatiales héritées de leur histoire coloniale et esclavagiste.
Conclusion |
Par-delà ces inégalités sociales et territoriales marquées, l’hexagone et les Outre-mer se trouvent pourtant face à une difficulté partagée relative à une indispensable intersectorialité entre stratégies de Lutte anti-vectorielle et politiques de la ville.
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Vol 67 - N° S1
P. S61 - février 2019 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.