Le numérique, une solution pour lutter contre les inégalités sociales de santé ? - 04/02/19
Résumé |
Nous étudions le développement de l’e-santé au sein d’un réseau ville-hôpital, le RéPPOP (Réseau de prévention et de prise en charge de l’obésité pédiatrique) Midi-Pyrénées. Cette association a pour objectif d’améliorer l’offre de soin pour l’obésité pédiatrique et de permettre une meilleure coordination de la prise en charge. Le suivi proposé par le réseau se propose donc d’être le plus adapté aux difficultés et au contexte de vie du patient. Pour cela, comme la Haute Autorité de santé [1 ] le recommande, le RéPPOP développe de nombreuses offres d’Education thérapeutique du patient. Cette orientation est également justifiée par les caractéristiques même de l’obésité pédiatrique, qui est décrite comme une maladie chronique, affectant en majorité des personnes en situation de vulnérabilité économique et sociale [2 ]. Afin de pouvoir répondre à des contraintes d’adaptation, mais également de suivi à long terme, le RéPPOP s’est engagé dans le développement d’outils numériques pour faciliter la prise en charge, notamment une application smartphone de suivi de la pratique d’activité physique, MyMouv’.
Le développement et l’utilisation de cet outil questionnent quant aux modes de coordination et d’engagement à l’œuvre durant ces processus. En effet, nous considérons la nature des modes de coordination entre les différents acteurs humains (équipe de coordination RéPPOP, professionnels libéraux et patients) et non-humains (outils numériques) [3 ], afin de comprendre les mécanismes d’intéressement et d’hybridation opérant ou non au sein de ce réseau sociotechnique. Ainsi, nous travaillons sur les conditions favorables à l’appropriation de l’application par les professionnels et les patients et leur famille.
L’enquête qualitative se fonde sur des observations ethnographiques (180heures) réalisées durant les temps de travail de l’équipe de coordination ainsi que sur des entretiens semi-directifs (32) menés avec les membres du RéPPOP ainsi que des éducateurs sportifs testant le dispositif.
Nous montrons que l’utilisation de MyMouv’ ne va pas de soi, autant pour les professionnels de santé que pour les patients. Nous caractérisons différents freins à l’engagement dans la construction et l’utilisation de ce dispositif. Ainsi, malgré un affichage de démocratie sanitaire et une réelle volonté de la part du RéPPOP d’apporter une certaine symétrie dans les expertises, nous mettons en évidence un risque de reproduction des inégalités sociale de santé avec MyMouv’. La nécessité de posséder un matériel technique adapté peut être un premier frein lié au manque de moyens financiers des familles. L’application nécessite également une bonne maîtrise de la langue française qui peut décourager certains enfants en échec scolaire. Enfin, la place de la famille est peu abordée dans le développement de MyMouv’, bien qu’essentielle à son utilisation effective.
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Vol 67 - N° S1
P. S62-S63 - février 2019 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.