Les risques de stigmatisation dans les interventions en santé publique. L’exemple d’une recherche interventionnelle visant à accompagner le sevrage tabagique dans une population d’apprentis - 04/02/19
Résumé |
Des travaux ont mis en évidence le fait que les politiques de lutte contre le tabagisme ont pour effet de ne profiter qu’aux franges de la population les mieux dotées sur le plan socio-économique. C’est sur la base de ce constat qu’a été mis en place, en Lorraine, un programme d’aide au sevrage tabagique, le programme RESIST (Réseau sevrage tabagique). Ce programme vise à accompagner, au sein d’une population d’apprentis–où les fumeurs sont sur-représentés et les élèves considérés comme rencontrant des difficultés scolaires–des apprentis souhaitant arrêter de fumer. Toutefois, une telle intervention ne risque-t-elle pas de participer à la stigmatisation de cette population pour qui le fait de fumer constitue par ailleurs une pratique valorisée et vecteur de socialisation ?
Afin de répondre à cette question, sont actuellement réalisés une ethnographie de cette intervention (observation de conférences à destination de l’ensemble des élèves et de séances collectives avec les élèves participant au programme) et des entretiens semi-directifs avec des apprentis, le personnel encadrant ainsi que les acteurs de l’intervention. L’objectif de cette investigation est d’identifier les effets potentiellement stigmatisants liés au fait de participer ou de ne pas participer au programme.
Au vu de la place prépondérante que semble occuper la cigarette au sein de cette population et des établissements étudiés, le risque de stigmatisation concerne-t-il les non-fumeurs ou les élèves décidant de participer au programme et d’engager une démarche de sevrage ? On remarque aussi que, malgré la centralité de la cigarette dans les habitudes de ces élèves, ces derniers ne sont pas pour autant insensibles aux discours et aux arguments des intervenants. Quels effets produit alors ce conflit de normes ? Cette stigmatisation n’est-elle pas susceptible de susciter des sentiments de culpabilité ou d’autres effets délétères chez ceux qui ne souhaitent pas arrêter ou chez ceux qui le souhaitent mais qui, malgré leur inscription au programme, n’y parviennent pas ?
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Vol 67 - N° S1
P. S64 - février 2019 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.