Les scarifications à l’adolescence : un autre regard - 07/02/19
Self-mutilation during adolescence: A change of perspective
Cet article a été publié dans un numéro de la revue, cliquez ici pour y accéder
Résumé |
Objectif Les scarifications, en tant que coupures cutanées superficielles et répétées, souvent effectuées en secret à l’adolescence, sont fréquemment présentées comme une manière de pallier un déficit de l’enveloppe psychique par une enveloppe de souffrance. Face à ces pratiques, le rôle du clinicien consisterait à favoriser la restauration d’une fonction contenante chez le patient qui pourrait alors abandonner ces conduites transgressives. Cette description, souvent juste et validée par la clinique, est cependant insuffisante pour comprendre la dimension relationnelle des scarifications et le choix spécifique de cette pratique particulièrement dérangeante.
Méthode |
À partir de l’exposition d’un cas clinique et de son évolution après un ratage interprétatif, cet article développe plusieurs pistes théoriques et questionne la représentation hégémonique des scarifications comme ersatz d’une enveloppe psychique défaillante.
Discussion |
En considérant les scarifications comme la conséquence d’une défaillance de la capacité de contenance des éprouvés corporels à l’adolescence, le thérapeute peut, au fil des séances, et par l’intermédiaire de l’enveloppe sonore formé par ses mots, proposer à l’adolescent un étayage sensoriel favorisant la consolidation d’une fonction contenante. Néanmoins, à trop se représenter le patient sur un mode déficitaire, le thérapeute risque de négliger l’interpellation que recèlent ces conduites de scarifications. En effet, les pratiques d’entailles cutanées résultent aussi souvent d’une résistance de l’environnement à accueillir les mouvements pulsionnels, érotiques et agressifs, de l’adolescent, les coupures permettant alors de « forcer le passage ». Pour éviter de reproduire cette rigidité de l’environnement, le thérapeute doit alors être particulièrement attentif à ce que les conduites de scarification tentent de modifier chez lui et de ne pas les réduire à des comportements qui ne concerneraient que le patient.
Conclusion |
En sus de former une enveloppe de souffrance contenante, les scarifications à l’adolescence, en tant que pratiques transgressives particulièrement dérangeantes, peuvent être comprises comme des tentatives, souvent efficaces, de forcer le changement de regard et de position d’un environnement qui résiste à accueillir les mouvements pulsionnels pubertaires.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Abstract |
Objective |
Scarifications, as superficial and repeated skin cuts, often carried out in secrecy during adolescence, are frequently described as a way to compensate for a deficit in the psychic envelope by an envelope of suffering. Confronted with these practices, the clinician's role would be to promote the restoration of a containing function in the patient who could then abandon these transgressive behaviors. This description, often accurate and validated by the clinic, is however insufficient to understand the relational dimension of scarification and the specific choice of this particularly disturbing practice to form an envelope of suffering.
Method |
Based on the exposure of a clinical case together with its evolution following an interpretative failure, this article develops several theoretical approaches and questions the hegemonic representation of scarification as a substitute for a deficient psychic envelope.
Discussion |
If the scarifications result from a deficiency of the containing function due to the overwhelmed body sensations triggered during puberty, then the therapist can provide a sensory envelope to the adolescent through the sound envelope formed by his words. However, if the therapist considers the patient only from a deficiency point of view, he may overlook the interpellation that these scarification behaviours conceal. Indeed, the practices of skin cuts also often result from a resistance of the environment to accommodate the adolescent's impulsive, erotic and aggressive movements. In this context, skin cuts may be an attempt to “force the passage”. To avoid reproducing this rigidity of the environment, the therapist must therefore be particularly attentive about what the scarifications try to modify in him and not limiting them to behaviours that would only concern the patient.
Conclusion |
In addition to forming an envelope of suffering, scarifications in adolescence, as particularly disturbing transgressive practices, can be understood as attempts, often effective, to force a change of gaze, especially when the adolescent feels confined to the role of a child whose physical experiences are disavowed.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Mots clés : Automutilation, Scarification, Moi-peau, Contenance, Enveloppe, Langage, Adolescence
Keywords : Self-mutilation, Self-injury, Self-harm, Scarification, Ego-skin, Containing, Envelope, Language, Adolescence
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