L’objectif était d’estimer l’incidence et la prévalence de la dépression résistante (DR) en France avec les données du système national des données de santé (SNDS) et un algorithme complexe.

L’algorithme a été construit dans l’EGB : adultes du Régime général, avec une première délivrance d’antidépresseur (AD), suivie d’au moins deux délivrances d’AD sur six mois, sans délivrance d’AD dans les six mois précédents, ni antécédent de maladie de Parkinson, de démence, de troubles psychotiques ou bipolaires. Un épisode incident de DR a été défini par la succession de trois séquences d’antidépresseurs différents sur une période de trois mois, au moins trois semaines de traitement pour chaque séquence et des délivrances couvrant au moins 80 % du temps, ou dès la prescription d’un antidépresseur avec un potentialisateur. Le taux d’incidence annuelle d’un épisode de DR a été estimé entre 2012 et 2014, et la prévalence avec une fonction gamma sur 30 ans basée sur le taux d’incidence annuelle et de la probabilité d’arrêt de l’épisode de DR sur trois ans. Ces taux ont été extrapolés aux données de l’Insee avec standardisation sur l’âge et le sexe pour estimer l’incidence annuelle et la prévalence de la population française.

Entre 2012 et 2014, 706 patients ont été identifiés dans l’EGB avec un épisode incident de DR (58,1 % de femmes, âge moyen 48 ans (±16 ans) et durée médiane de l’épisode 7,1 mois). Le taux d’incidence annuelle estimé était de 5,79 pour 10 000 (IC 95 %=[5,06 ; 6,52]) personnes et la prévalence à 25,79 pour 10 000 [24,23 ; 27,35], soit une estimation nationale de 29 015 sujets par an avec un épisode incident de DR [25 315 ; 32 735] et 129 275 sujets prévalents [121 465 ; 137 106].

Une analyse de sensibilité avec allongement à six mois pour la succession des trois séquences d’AD donne un taux d’incidence annuelle et de prévalence de la DR en France plus élevé de respectivement 34 et 46 %.