L’adolescence est une période de profonds remaniements corporels et psychiques, venant ébranler autant le rapport à soi qu’aux autres. Si les changements corporels erratiques annoncent de nombreux bénéfices, ils suscitent aussi bien des angoisses, liées à la fragilité de l’image du corps et du sentiment d’identité. Face au vacillement des repères narcissiques et objectaux l’adolescent peut chercher dans la quête de contemplation dans le miroir un moyen de se rassurer. L’objectif est de proposer une réflexion sur le signe du miroir et ses fonctions à l’adolescence, tout aussi bien symptôme courant et transitoire que signe pathologique quand il témoigne d’une désorganisation identitaire.

La méthode est celle de l’analyse de cas, celle de deux adolescentes chez qui le signe du miroir constitue un symptôme préoccupant. La mise en perspective de ces deux situations cliniques soutient l’idée d’un continuum entre normal et pathologique.

Si le signe du miroir peut être le symptôme d’une désorganisation psychotique grave, il peut tout aussi bien constituer un recours narcissique trophique dans les aléas du processus adolescent.

Le signifiant « signe » recouvre bien des réalités psychiques, non réductibles aux manifestations symptomatiques que l’on aurait trop vite fait de mettre au compte d’un trouble schizophrénique. Derrière un symptôme se découvrent des significations, engageant, dans des modalités et des proportions propres à chacun, la qualité des ressources narcissiques.

La contemplation interrogative de son image dans le miroir associée au sentiment de dépersonnalisation, peut-être trop rapidement mise au compte d’un trouble schizophrénique. La mise en perspective de deux cas cliniques d’adolescentes présentant un signe du miroir, permet de resituer ce symptôme dans sa fonction dynamique. Trophique chez Isis en ce qu’il constitue un recours narcissique salvateur, témoin d’un effondrement narcissique majeur chez Flore, luttant contre une désorganisation identitaire majeure.

During adolescence, girls and boys undergo profound bodily and psychic changes, which upset their relationship with themselves as well as with others. Even though chaotic body changes promise many advantages, they also cause anxieties because of the fragile nature of body image and identity. Due to narcissistic and object-relation transformations, adolescents may seek comfort in contemplating themselves in the mirror. The aim of this article is to explore the (psychic?) functions of the mirror sign, considered a normal and transitional symptom in adolescents except when bearing witness to a psychotic condition.

The method is the clinical case study between two adolescent girls presenting an important mirror sign. The comparison leads to admit the idea of a continuum between normal and pathological mirror sign.

If mirror sign can be a psychotic symptom, it also can be a normal narcissistic aid during this period of vulnerability.

Mirror sign does not have to automatically be considered a schizophrenic symptom. One symptom can hide many psychic meanings and functions depending on the quality of narcissistic resources.

Depersonalization and inquiring admiration of ones own mirror image can too quickly be assigned to schizophrenia. Two case studies of adolescent girls with mirror sign underline its dynamic sense. In Isis's case, the mirror sign helps her to cope with the transformation of narcissism during adolescence, while in Flore's it characterizes a psychotic disorganization.