La constitution de pseudo anévrismes des artères viscérales représente une complication rare des pancréatites aiguës, mais potentiellement grave, voire fatale. Nous rapportons un cas de pseudoanévrisme de l’artère gastroduodénale compliquant une pancréatite aiguë récidivante.

Une patiente âgée de 65 ans, aux antécédents d’hystérectomie totale, de cholécystectomie, et de trois épisodes de pancréatites aiguës, est admise en réanimation pour une pancréatite aiguë non lithiasique grave, stade E selon la classification de Balthazar. Au 8^e jour de son hospitalisation, la patiente présente une douleur épigastrique hyperalgique transfixiante, en barre, inhibant la respiration avec vomissements. Elle signale par ailleurs une « masse » épigastrique pulsatile, non palpable à l’examen clinique. Un angioscanner a été réalisé objectivant un volumineux pseudoanévrisme (86mm) sur rupture partielle de l’artère gastroduodénale. La patiente est alors transférée en urgence en chirurgie vasculaire où elle décède 24heures après son intervention.

Les anévrismes des artères digestives représentent une complication vasculaire rare, mais redoutable, de la pancréatite aiguë. Leur prévalence est estimée entre 0,01 et 0,2 %. Les artères gastroduodénales représentent la 4^e localisation (22 %) après les artères splénique et hépatique, et les arcades pancréatico-duodénales. Les mécanismes évoqués sont souvent une érosion de la paroi artérielle par un pseudokyste, une agression directe par les enzymes pancréatiques ou une inflammation péri artérielle consécutive à la pancréatite. Asymptomatique dans plus de 60 % des cas, l’anévrisme est souvent de découverte fortuite notamment lors d’une imagerie réalisée dans le cadre du dépistage des complications mécaniques de la pancréatite. Le risque de rupture élevé de ces anévrismes impose une prise en charge précoce et adaptée.

Même de survenue rare, les anévrismes des artères digestives représentent une complication grave de la pancréatite aiguë. Ils sont principalement diagnostiqués de manière fortuite par l’angioscanner. L’attitude thérapeutique même des formes asymptomatiques semble être à l’avantage d’un traitement endovasculaire ou chirurgical.