La relative rareté des thromboses veineuses cérébrales (TVC) jointe à la variabilité de leur histoire naturelle et la grande diversité de leur présentation clinique reste un challenge pour le clinicien. Avec une symptomatologie aussi polymorphe engageant rarement le pronostic vital, l’éventail des diagnostics différentiels est considérable. Ceci corrobore tout l’intérêt d’un diagnostic précoce et d’un traitement adapté.

Nous rapportons les résultats d’une étude prospective observationnelle menée au service de réanimation du CHU Benimessous à Alger sur une période de deux ans (janvier 2016 à janvier 2018) avec suivi des patients ayant survécu pendant un an, portant sur les aspects cliniques et les facteurs étiologiques et pronostiques des TVC graves en réanimation.

L’étude concernait 8 patients admis en réanimation médicale pour prise en charge de TVC grave, le sex-ratio était de 3 hommes/6 femmes, la moyenne d’âge de 40,3 ans. Le diagnostic était posé par angio RM cérébrale pour les 8 cas, les localisations concernaient le sinus sagittal dans les 8 cas associées dans 2 cas à une thrombose des veines corticales étendues jusqu’aux veines jugulaires. Deux décès étaient dus à un choc septique sur pneumopathie acquise, sur ventilation mécanique dans un cas et à un engagement cérébral dans le 2^e cas. Le suivi des autres cas révélait des thrombophylies positives chez tous les patients ; un seul cas de récidive était enregistré, et un seul patient a développé un trouble psychiatrique maniaco-dépressif.

Grâce à l’amélioration des possibilités diagnostiques et par là même du traitement précoce, le pronostic de la TVC s’est nettement amélioré ces dernières années. La mortalité était de 8 % dans la plus grande série de 624 patients. Cinq pour cent seulement des patients sont restés gravement handicapés et 8 % modérément. En phase aiguë, la mortalité est de 4 à 5 %, souvent secondaire à un engagement dû à une éventuelle hémorragie, à des lésions multiples ou à un œdème (international study on Cerebral Vein and dural sinus thrombosis (ISCVT), Stroke 2004). La mortalité tardive est en rapport avec des complications infectieuses, une embolie pulmonaire ou la maladie causale (1). Les facteurs de mauvais pronostic à long terme : l’âge, le sexe masculin, un cancer associé, la présence d’hémorragies, l’atteinte des veines profondes, le coma, l’altération mentale associée à l’admission.