La maladie thromboembolique veineuse (MTEV) est une maladie multifactorielle. Son incidence varie selon les continents, plus faible en Asie, par rapport à l’Europe. Cette différence pourrait être liée à des différences de prévalence des facteurs de risque prédisposant à la MTEV dont les facteurs thrombophiliques (FT). L’Île de la Réunion était une île inhabitée, devenue française en 1638, avec différentes vagues d’arrivage de population, d’origines diverses (malgache, africaine et indienne). Le métissage a commencé dès l’arrivée des premiers colons.

Il s’agit d’une étude rétrospective, réalisée de janvier 2005 à mars 2018, dans un cabinet d’angiologie, à Saint-Paul de La Réunion, incluant tous les patients qui ont une MTEV ou faisant partie d’une enquête familiale, ayant eu un bilan de thrombophilie complet avec anomalie.

Quarante-huit patients ont été inclus, 42 suite à une MTEV et 6 dans une enquête familiale. Trente et un patients étaient d’origine réunionnaise et 17 d’origine métropolitaine. Concernant les FT, on retrouve (13/31) de mutations du facteur V Leiden et (16/31) de déficit en inhibiteur chez les patients réunionnais et (6/17) de mutations du facteur V Leiden, (3/17) de mutations du facteur II G20210A, et (5/17) de déficit en inhibiteur, chez les patients métropolitains.

En comparant les différents FT retrouvés dans la population réunionnaise, on retrouve des FT similaires à ceux de la population caucasienne (Facteur V Leiden) et d’autres typiques des populations asiatiques (déficits en inhibiteurs). Ces similitudes s’expliquent par le brassage ethnique et doivent faire rechercher au sein de la population réunionnaise des FT plus spécifiques des pays d’Asie, tels que 2 mutations de la protéine C, une mutation de la thrombomoduline, du PAI-1 ou du fibrinogène β.

L’incidence des FT à la Réunion semble différente de celle de la Métropole, avec une forte prépondérance des déficits en inhibiteurs, se rapprochant de la population asiatique et une absence de la mutation du facteur II G20210A, ce qui laisse supposer que d’autres anomalies sont peut-être présentes dans la population réunionnaise et mériteraient d’être recherchées.