Relations entre nutrition avant la grossesse, polymorphisme du gène FADS et statut en acides gras polyinsaturés pendant la grossesse dans la cohorte EDEN - 16/03/19
Résumé |
Discipline |
Épidémiologie.
Introduction et but de l’étude |
Les acides gras polyinsaturés à longue chaîne (AGPI-LC), acides arachidonique (AA, n−6) et docosahexaénoïque (DHA, n−3), jouent un rôle clé dans le bon développement du fœtus. Ils sont à la fois apportés par l’alimentation et biosynthétisés à partir des acides gras essentiels précurseurs, les acides linoléique (LA, n−6) et alpha-linolénique (ALA, n−3) sous le contrôle notamment des gènes FADS (Fatty Acid Desaturase). Notre objectif était d’examiner les associations entre la nutrition maternelle, un polymorphisme nucléotidique (SNP) des gènes FADS et le statut en AGPI pendant la grossesse.
Matériel et méthodes |
L’étude EDEN est une cohorte mère–enfant française de 2002 femmes enceintes recrutées entre 2003 et 2006 dans les maternités de Poitiers et Nancy. Des échantillons de sang maternel (à 24–28 semaines de grossesse) et du cordon ombilical (à l’accouchement) ont été prélevés. Le profil en AGPI n−6 et n−3 des membranes des érythrocytes (en % des acides gras totaux) a été analysé par chromatographie en phase gazeuse. Un questionnaire de fréquence alimentaire, couplé à une table de composition des aliments, a permis d’estimer les quantités d’AGPI consommés (en % des acides gras totaux) avant la grossesse. Le SNP rs174546 (C/T) sur le gène FADS1 a été génotypé à partir de l’ADN maternel. Les associations entre apport nutritionnel d’un AGPI donné et sa teneur dans les érythrocytes ont été étudiées avec des coefficients de corrélation partielle de Spearman. Les associations entre le statut en AGPI et le variant rs174546, ainsi que les interactions entre rs174546 et l’apport nutritionnel, ont été étudiées par régression linéaire.
Résultats et analyse statistique |
Au total, 1595 femmes disposaient de données sur la nutrition et le statut en AGPI ; 1416 femmes disposaient aussi du génotypage de rs174546 parmi lesquelles 49,4 % était homozygotes pour l’allèle majeur (CC) et 9,9 % l’était pour l’allèle mineur (TT). Les teneurs moyennes (±écart–type) de LA, d’AA et de DHA dans les érythrocytes maternels étaient respectivement de 7,1 % (±0,8), 12,9 % (±0,8) et 5,3 % (±0,9). L’apport alimentaire en DHA avant la grossesse était corrélé positivement avec sa teneur dans le sang maternel (DHA : r=0,34) tandis que les AGPI n−6 ne l’étaient pas ou peu (LA : r=0,11 ; AA : r=0,01). Les femmes CC avaient plus de DHA et de AA que les femmes TT [0,40 (IC 95 % : 0,23 ; 0,56) et 0,94 (0,80 ; 1,08)], mais moins de LA et de ALA [−0,74 (−0,88 ;−0,60) et−0,019 (−0,025 ;−0,013)]. Le variant rs174546 expliquait une plus forte part de la variance des teneurs des érythrocytes en AGPI n−6 (LA : 8,9 % de la variance ; AA : 14,9 %) qu’en AGPI n−3 (ALA : 3,5 % ; DHA : 1,6 %). Aucunes interactions entre le variant rs174546 et l’apport nutritionnel en AGPI n’ont été observées.
Conclusion |
L’étude EDEN confirme l’existence d’une relation entre l’apport nutritionnel et le statut en DHA pendant la grossesse, ainsi qu’un rôle modeste de FADS. Le statut en AGPI n−6 des érythrocytes semble en revanche plus fortement déterminé par le facteur génétique que nutritionnel, et ce de manière indépendante l’un de l’autre.
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Vol 33 - N° 1
P. 60 - mars 2019 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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